De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
La corporation des artistes bénéficie depuis un certain temps d'une attention particulière de la part du ministère de la Culture. Aussi, espère-t-elle voir incessamment la promulgation d'un statut particulier régissant non seulement l'activité mais garantissant, également, une couverture sociale qui permettra aux professionnels d'exercer dans la sérénité, sans la peur au ventre d'être lâchés après un tournage, un spectacle, voire une vie dédiée à l'art. Toutefois, un décret ou une loi ne peut résoudre tous les problèmes auxquels les gens du métier sont en butte si ceux qui font tourner les sociétés de production et d'événements ne sont pas impliqués et encadrés. En effet, les initiateurs de projets artistiques (cinéma, festivals,…) doivent respecter les règles du jeu et les lois en respectant l'obligation de signature par l'artiste de contrats qui doivent être établis avant l'entrée sur plateau, en studio ou sur la scène. Malheureusement, la majorité des artistes travaillent au noir. Le «contrat» se limite à un engagement verbal entre le producteur et l'artiste, parce qu'ils se connaissent.Ainsi, selon les observateurs, «les artistes doivent s'imposer pour faire entendre leur voix». C'est la seule manière pour changer ce qu'il y a à changer et améliorer leurs situations. Il faut déjà que les artistes se définissent en s'identifiant et que tous les professionnels, tous genres confondus, soient listés. «C'est une étape préliminaire mais très importante pour baliserla piste aux étoiles. Aujourd'hui, on ne sait plus qui est comédien et qui ne l'est pas. Malgré les vagues de diplômés qui sortent chaque année des centres de formations en arts dramatiques, la scène demeure floue», dira un amateur du petit écran. En matière de production télévisée à titre d'exemple, un réalisateur pointe du doigt certains promoteurs qui font de tout sauf de l'art. «Il faut savoir que les trois quarts des producteurs sont issus de milieux étrangers à la profession», soutiendra-t-il. «Ils profitent de la générosité pécuniaire de l'Entreprise nationale de la télévision, jusqu'à provoquer chez celle-ci une hémorragie budgétaire», ajoutera-t-il. Pis, «la majorité des producteurs exerçant à l'échelle nationale sont étrangers à l'activité cinématographique», affirme notre interlocuteur. L'Entv reste la vache laitière en matière de dépenses dont une partie est destinée aux acteurs et l'autre réservée aux frais de tournage. Sans mettre dans le même sac tous les producteurs du domaine de l'audiovisuel, notre témoin estime qu'il reste du chemin à faire pour apporter les correctifs nécessaires et placer des jalons qui encadreront ce métier.La wilaya de Constantine ne connaît pas actuellement, contrairement à l'Ouest et au Centre du pays, une abondance de sociétés de production (on n'y compte pas plus de cinq) et ce, malgré l'ouverture du secteur au privé. C'est l'Entv qui fait tourner la production télévisuelle grâce au partenariat des opérateurs privés. Le producteur exécutif (privé) sollicite, dans ce cas, le coproducteur et bailleur de fonds qu'est l'Entv pour l'élaboration d'un projet en commun. Après étude par une commission du produit proposé, l'entreprise étatique dégage une première tranche financière pour permettre à la future production de prendre forme. Le plan financier regroupe 4 tranches, dont la dernière est versée au réalisateur quand il atteint le stade du montage de son film.
Le casting une étape… financière de trop ! D'emblée, les cachets sont fixés pour les artistes des premier et second rôles, qui sont, souvent, payés cash au terme de la dernière phase de tournage. Mais ce n'est pas le cas de tous les comédiens qui voient, les promesses faites avec le premier clac de tournage s'émousser. «Parfois, les prévisions du projet réservent des mésaventures financières, ce qui remet en cause les clauses, pour autant qu'elles existent, consignées au début du boulot», indique notre même source. Mais cela ne touche pas généralement les comédiens de premier plan qui peuvent réagir et nuire au producteur.Toutefois, les producteurs ne s'aventurent pas trop avec les acteurs «légalistes». Ils préfèrent ceux qui travaillent sans se faire déclarer. «Ils leur proposent la formule du gré-à-gré de peur de révélations sur leur gestion des finances…», explique un autre cinéaste. Pour s'éviter des dépenses supplémentaires, certaines sociétés zappent carrément les castings et optent pour les recrutements directs, du travail à l'emporte pièce dont le résultat est souvent un navet. Et ce sont des budgets qui partent en fumée faute d'un encadrement et des contrôles de la qualité du travail proposé. Encore faudra-t-il qu'il y ait des personnes capables de juger de la qualité artistique d'un produit !La fixation d'un barème pour les cachets des artistes serait un bon début pour la réorganisation de la scène artistique, et quand bien même ils seraient renégociés, ça ne poserait aucun problème, à partir du moment où tout est consigné par écrit.