Après le conflit qui l'a émaillé pendant quelques mois, le gazoduc Medgaz, en projet aujourd'hui, et devant relier l'Algérie à l'Espagne, semble bien reparti. Les travaux de pose du tronçon offshore ont été achevés en territoire algérien. C'est ce qu'a annoncé hier le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, cité par l'APS. Chakib Khelil a ajouté qu'il ne restait qu'à compléter les travaux de la station de compression de Beni Saf ainsi que la liaison terrestre entre Almeria et Albacete (Espagne) pour que Medgaz soit complètement terminé. L'opération de pose du tronçon sous-marin du gazoduc a été réalisée par la société italienne Saipem. D'une capacité de huit milliards de m3 de gaz par an -dans une première phase- et d'un coût total estimé à 900 millions d'euros, ce gazoduc devrait être mis en service en juillet 2009. La longueur totale du gazoduc est de 1 050 km, dont 550 km en territoire algérien et 210 km en mer, en eau profonde jusqu'à 2 160 mètres. Sa construction avait été confiée en février 2007 à cinq entreprises multinationales. Le consortium Medgaz est constitué par Sonatrach (36%, majoritaire), les espagnoles Cepsa et Iberdrola (20% chacune), Gaz de France et Endesa (12% chacune), BP s'étant retirée du projet. Achevé, Medgaz permettra au groupe Sonatrach de renforcer sa présence sur le marché ibérique, réputé hermétique. La compagnie nationale des hydrocarbures a rencontré d'énormes difficultés pour s'y frayer une place. D'abord, des obstacles au processus de renégociations des prix du gaz qu'elle a engagé avec les autorités espagnoles. Les renégociations ont été entamées il y a presque trois ans. L'objectif voulu par Alger est de réajuster le prix du gaz, considéré aujourd'hui par la partie algérienne comme «très bas» par rapport au prix du marché. L'Algérie souhaite augmenter le prix de vingt pour cent en deux étapes sur une année, de façon à limiter l'impact de ce réajustement sur le consommateur final espagnol. Les renégociations en question ont été décidées dans le cadre de contrats à long terme. Elles ont été sur le point d'aboutir, avant que la partie espagnole fasse marche arrière. Elles sont bloquées pour l'instant, et le conflit a été porté devant un tribunal de Genève. Ensuite, il y a eu désaccord sur les prises de participation de Sonatrach dans la société Medgaz et la création en Espagne d'une filiale de commercialisation du gaz algérien sur ce marché. Les Espagnols ont imposé un volume limitatif en gaz algérien à exporter vers l'Espagne. Il a fallu des mois de négociations avant que Sonatrach arrache ses droits commerciaux. Enfin, il y a eu la résiliation du contrat qui liait Sonatrach au groupement espagnol Repsol et Gas Natural pour le projet Gassi Touil. L'orage semble aujourd'hui passé. L'Algérie «veille» à ce que l'Espagne reste un marché permanent pour ses exportations gazières, notait Chakib Khelil quand il évoquait ce conflit. Pour lui, la véritable sécurité énergétique de l'Europe passe par l'abandon de la tendance protectionniste en matière énergétique qui fait des sociétés nationales des pays membres de l'UE l'axe central de toute activité de commercialisation de l'énergie. C'est, expliquait-il, la libération du marché énergétique dans les pays de l'UE qui garantira la sécurité énergétique, car le marché sera ouvert à la concurrence et à la commercialisation directe des produits énergétiques. Y. S.