Le diplomate algérien succédera à Kofi Annan comme médiateur en Syrie. Déjà, il sait qu'il va lui falloir convaincre les Iraniens et les Russes. Il va lui falloir arrondir les angles de part et d'autres. Comme nous avions déjà été les seuls à l'annoncer il y a quatre jours, Lakhdar Brahimi vient d'être nommé pour succéder à Kofi Annan comme médiateur dans le conflit syrien. Une personnalité dont je me trouve être l'ami.Voici une nouvelle qui mérite selon moi, l'interruption d'un repos. Je suis pressé d'en partager la joie, surtout avec ceux qui se sont inquiétés de mes silences. Rappelons-nous les faits et les inquiétudes : d'abord Ban Ki-moon, sud-coréen, a été élu au poste de Secrétaire général des Nations unies où il succède, en 2007 à Kofi Annan, personnalité dont il ne séparera vraiment jamais. C'est d'ailleurs Kofi Annan, du fait de sa légendaire pratique du chuchotement, de la douceur et du compromis, qui va être chargé des plus délicates missions. Les risques sont immenses Pendant ce temps-là, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères, a révélé des dons de négociateur très particuliers, autant en Irak qu'en Afghanistan. Mais c'était Kofi Annan qui était en charge des affaires syriennes jusqu'à sa démission, il y a deux semaines. Et c'est sur sa suggestion que Lakhdar Brahimi lui succèdera. Parce que Lakhdar est mon ami, je suis aussi heureux de l'honneur qui lui est fait que j'ai conscience des risques immenses qu'il prend dans une entreprise où personne n'a réussi jusqu'ici. Notre amitié date depuis plus de 40 ans et nous n'avons cessé de nous rendre l'un à l'autre de très précieux témoignages de fidélité. Du côté des forces loyalistes, on n'attend que lui Ancien ministre algérien des Affaires étrangères de 1991 à 1993, il a notamment représenté l'ONU en Afghanistan de 1997 à 1999, puis de 2001 à 2004 après le départ des talibans, ainsi qu'en Irak après l'invasion de 2003. Dès qu'il à été pressenti, Lakhdar Brahimi a téléphoné à quelques amis, mais il a surtout, bien sûr, pris contact avec le ministre syrien des Affaires étrangères avec lequel il avait eu maille à partir.Il a trouvé un diplomate chaleureusement désireux de l'accueillir à Damas. Il semble que, du côté des forces loyalistes, on n'attende que lui, alors que, du côté des forces rebelles, héroïques, mais divisées, les conditions exigées pour une rencontre sont plus complexes. Comment Lakhdar va-t-il réagir ? Il a de bons souvenirs des succès de la diplomatie algérienne, surtout quand un conflit a opposé les Iraniens aux Américains du temps de Jimmy Carter. La paix conclue à Alger a été l'un des sujets de fierté de jeunes diplomates qui sont allés jusqu'à penser qu'ils auraient pu éviter la guerre du Golfe !Lakhdar Brahimi n'a pas cette vanité. Dans l'affaire de la Syrie, il sait qu'il va lui falloir convaincre et les Iraniens et les Russes. J. D. in Le nouvel Obs