Photo : Sahel De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
La gestion des déchets ménagers, quoiqu'ayant subi diverses formules et réaménagement depuis la mise en place d'un schéma directeur en 2005, continue de poser problème aux gestionnaires de l'assainissement. Une des premières entraves est l'incivisme des citoyens. Les agents de l'APC ne désarment pas et mènent une lutte sans merci contre les poubelles et les ordures qui jonchent le sol. En parallèle, des entreprises privées sont appelées à la rescousse pour une meilleure prise en charge du volet environnemental. L'indiscipline dans le dépôt des déchets ménagers s'affiche au quotidien à Constantine. Point de respect ni des horaires de dépôts des ordures ni de l'environnement immédiat. Le mois de Ramadhan aura révélé le peu de civisme chez la plupart des citoyens et commerçants qui, sans souci, déversent leur détritus à n'importe quelle heure. Le schéma directeur de gestion des déchets ménagers et assimilés et d'environnement (Progdem) entré en vigueur en 2007 et adopté par les douze APC de la wilaya se maintient mais a connu au passage quelques modifications dans sa configuration. De fait, ce mécanisme intervenu à la faveur du programme de gestion des déchets municipaux par la municipalité de Constantine avait requis une nouvelle configuration. Il fallait revoir les espaces et quartiers sujets à la collecte de déchets. Car certains nouveaux points sont nés et d'autres ont disparu. Un déséquilibre est donc apparu, ce qui a amené les services de l'APC à tracer une nouvelle feuille de route se rapportant à l'enlèvement méthodique des ordures afin de maintenir toute la circonscription propre. Des milliers de bacs à ordures sont déployés à travers les secteurs urbains. Certains résistent tandis que d'autres sont déplacés ou carrément spoliés. L'autre facette de l'incivisme. Constantine, dont le tissu urbain est assez complexe par zone, fait appel à de multiples moyens de nettoyage. Les cités populeuses où prolifèrent des habitations illicites génèrent «systématiquement» des décharges sauvages qui sont parfois inaccessibles pour les camions et autres bennes. Ajouter à cela le contexte difficile de collecte au niveau de la vieille ville. D'autres artifices viennent cependant palier la difficulté. «On déploie nos moyens partout où il peut exister des déchets pour les prendre loin des cités et les enfouir. Mais la difficulté persiste en raison de la passivité de quelques citoyens», martèle-t-on du côté de l'Office national d'assainissement (ONA).
Les ordures dans la rue marquent le haut degré d'incivisme Malgré toutes ces dispositions consignées dans les plannings, les rues et ruelles de Constantine offrent un panorama hétéroclite marqué par les nombreux sacs-poubelles éparpillés aléatoirement en chaque coin de la ville. Plusieurs fois cette problématique a attiré l'attention des pouvoirs publics locaux, notamment les gestionnaires au niveau des diverses municipalités. Mais l'incivisme des citoyens l'emporte chaque fois sur toutes les méthodes de collecte choisie. Le mois du Ramadhan de cette année aura démontré combien la population demeure insouciante vis-à-vis de son environnement immédiat à travers les dépôts de déchets qui ont tout simplement inondé les boulevards. Des quantités impressionnantes de déchets sont venues empester les espaces et quais de la cité. L'exemple le plus éloquent se trouve du côté des marchés de fruits et légumes et quelques magasins et supérettes. Au-delà du f'tour ce sont des quantités impressionnantes de déchets qui sont entassées sur les quais rendant la marche délicate pour les piétons. C'est le même scénario qui se répète chaque année et contre lequel les pouvoirs publics s'affichent souvent parmi les abonnés absents. Pas la moindre sanction contre les infractions aux règles d'hygiène. «Les citoyens se soucient très peu de leur environnement. Pour peu que l'on balaie devant sa porte», s'indigne un cadre de la commune chargé de la gestion du secteur d'assainissement.Il est vrai que le chef-lieu avec ses 52 secteurs reste difficile à prendre en charge, le déficit en effectifs frôle les 20%. Près de 1 200 agents, tous rôles confondus, veillent à la salubrité. Toutefois, face aux multiples entraves liées au défaut de respect des horaires de dépôt et d'enlèvement des ordures, les administrateurs se montrent impuissants, voire incapables de dégager de nouvelles mesures pour imposer aux citoyens le respect de l'environnement. La taxe évoquée lors des multiples conclaves et assemblées locales est restée lettre morte. «Pour instaurer une discipline il faudrait la soutenir par des textes et des taxes», souligne un élu local. «Si le citoyen est appelé à s'acquitter d'une redevance, fut-elle symbolique, en cas d'infraction, les cas de récidive seraient minimes», a-t-il ajouté. Mais cette option de régulation n'a pas enchanté beaucoup de monde à l'échelle de la wilaya qui fait contre mauvaise fortune bon cœur et s'accommode des déchets sans pouvoir prendre de décision ferme.Le mois de Ramadhan a illustré ce comportement indélicat dans les habitudes des citoyens. En fin de soirée, au moment où les gens se dispersent et les quartiers principaux se vident, le scénario est connu. Les ordures jonchent les rues. Balai à la main, un agent de l'entretien hoche la tête et pousse un soupir qui en dit long : «Quand est-ce que les personnes apprendront à jeter les bouteilles en plastique et les gobelets de café dans ces mini bacs.» Sans pouvoir de décision, l'agent nettoie et prie Dieu pour un lendemain plus propre. Les citoyens, eux, poursuivent ce geste devenu machinal : polluer, polluer,…