L'incivisme, une des causes de l'insalubrité et de la dégradation de l'environnement, est une attitude dont les citoyens ne se départissent pas. Ce ne sont pas uniquement les villes qui étouffent sous les tas d'immondices et de gravats. Les petites localités et les villages subissent eux aussi les effets négatifs induits par le détachement par rapport à leur cadre de vie de populations autrefois fortement ancrées à leur milieu. Les décharges sauvages pullulent dans tous les coins de rue, dans les quartiers et même dans les forêts qui sont transformées en immenses poubelles. Celles-ci sont elles-mêmes asphyxiées alors qu'elles constituent les poumons des villes qui croulent sous les immondices. Les citoyens prouvent chaque jour que la situation de leur environnement leur importe peu alors que leurs gestes quotidiens accélèrent sa déchéance. Emballages, bouteilles et gobelets sont jetés sur la chaussée une fois leur contenu absorbé et les déchets ménagers sont déposés partout et à toute heure. L'exhortation des municipalités à l'endroit des habitants pour un dépôt à des heures précises n'est pas prise en compte par ces derniers, les bacs débordent, les trottoirs sont jonchés de détritus. Personne ne semble être gêné par un tel spectacle qui a fini par faire partie de notre vie, jusqu'à ne plus savoir si un autre décor est possible. La responsabilité de cette situation est partagée par les élus auxquels revient la mission de gérer les déchets ménagers et aux pouvoirs publics qui peinent à mettre en place des centres d'enfouissement techniques pour faciliter la gestion des déchets. Ces mêmes pouvoirs publics n'ont pas concrétisé la promesse de transformer la fameuse décharge de Oued Smar en jardin public. Les fleurs et les arbres devront attendre avant de pousser sur ce vaste dépôt d'ordures qu'on a «omis» de fermer, comme il a été décidé il y a cinq ans, et qui, tout en empoisonnant les riverains, continue de faire des «heureux» parmi les collecteurs de bric-à-brac. Ce que font aussi les hôpitaux qui disposent d'incinérateurs ne répondant pas aux normes internationales quant au respect de la santé des citoyens, ainsi que les usines dont les rejets ne sont pas traités. C'est à croire que c'est notre lot d'évoluer dans un environnement insalubre et dangereux puisque un état des lieux ne semble pas interpeller les pouvoirs publics. R. M.