De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les bacs à ordures réparties à travers les rues et quartiers -plus de 5 000 déployés durant ces deux dernières années- de la ville de Constantine n'ont pas mis fin au manque de civisme chez de nombreux citoyens. Les responsables locaux ne baissent pas pour autant les bras. Ils prévoient la mise en place de 1 500 autre pour la nouvelle année. Mais en plus de l'incivisme, la municipalité fait également face au vandalisme. «On a découvert un réseau spécialisé dans le vol des bacs», indique un responsable municipal. Aussi dramatique que cela puisse paraître, c'est un fait ! Il suffit de sillonner quelques artères de la cité pour noter l'absence de ces bacs en certains endroits et l'amoncellement de détritus comble malheureusement ce vide. De plus, les horaires de ramassage des ordures ne sont pas respectés pour permettre aux agents communaux chargés des collectes de faire leur travail convenablement. Ainsi, on les voit s'échiner à ramasser les ordures jonchant le sol au hasard de leur passage. Mais il restera toujours des détritus épars. C'est là l'image rébarbative que donnent les quartiers de Constantine. Le chef-lieu de la wilaya est enlaidi et les responsables locaux ne parviennent pas à mettre fin à ce fléau. Le citoyen jette sans distinction déchets solides et ordures ménagères n'importe où et n'importe quand. Le geste de sortir ses ordures à une heure donnée et les déposer à l'endroit indiqué n'est pas encore ancré dans les habitudes des citoyens qui, pourtant, sont les premiers à souffrir de l'insalubrité, de tous les désagréments et des maladies qui peuvent en découler. Le travail des éboueurs demeure ainsi la seule alternative pour nettoyer ce qui peut l'être et remplir les bennes à ordures qui seront déchargées au 13ème arrondissement aux alentours de la commune d'Aïn Smara, sans aucun tri. «Actuellement, c'est le seul endroit où l'on peut entasser notamment des encombrants solides. Une partie de ces derniers est généralement récupérée pour être ensuite revendue dans le commerce informel», explique le responsable de l'assainissement et de l'environnement de wilaya, M. Labani. La régulation dans la collecte des déchets solides verra une meilleure prise en charge d'ici 2011, laisse entendre notre interlocuteur faisant allusion à la réception de deux déchetteries, la première à la cité El Bir et la deuxième au 13ème arrondissement et dont le taux d'avancement des travaux est appréciable. «Ces sites seront dotés de caissons dont la capacité de chacun est de 30 m3. Ils devront réceptionner divers débris en tri préliminaire (verre, plastique, papier...)», a indiqué le responsable.Il reste cependant à sensibiliser les citoyens, une fois ces aires réceptionnées, pour déposer leurs propres détritus et respecter le tri d'ordures. Ce qui amène à dire qu'un travail en amont s'impose pour inculquer aux résidants l'habitude de gérer leurs ordures sans trop compter sur les rotations des bennes à ordures et le ramassage qui n'inclut pas le tri. Si, sous d'autres cieux notamment en Allemagne - comme l'attestait la délégation qui a visité Constantine en 2009 dans un cadre de partenariat avec la Direction de l'environnement - le ramassage se fait en adoptant une stratégie incluant un partenariat citoyen-entreprise privée ou publique moyennant des frais, il n'en est pas de même chez nous où les yeux sont toujours tournés vers l'APC qu'on charge de tous les maux en matière de collecte ! A ce titre d'ailleurs, le directeur du service assainissement dira qu'«au lieu d'exploiter le budget de la commune dans d'autres créneaux tels l'amélioration des espaces verts et tout ce qui l'accompagne comme aménagements, on fait des rotations supplémentaires pour collecter les ordures. Ce qui nécessite du carburant, de la main-d'œuvre…». Un nouveau planning à l'étude pour mieux prémunir la ville Le schéma directeur d'assainissement et d'environnement adopté en 2005 connaîtra incessamment de nouvelles modifications. C'est ce que nous apprenons des responsables de la commune. «L'actuel schéma n'est plus adapté et devra enregistrer une nouvelle configuration», a-t-on précisé. «Lorsque l'on fait des projections sur plusieurs années, on ne peut échapper à des ‘‘incertitudes''. Aujourd'hui, à titre d'exemple, Bardo et l'avenue de Roumanie n'existent plus en tant que quartiers… En parallèle, de nouveaux quartiers sont nés. C'est là un déséquilibre spatial qu'il advient de rétablir pour rester dans la lignée du planning relatif à l'assainissement», ajouteront-ils. Il est vrai que la capitale de l'Est a connu de multiples métamorphoses urbanistiques face auxquelles les services chargés de l'assainissement se sont montrés impuissants. Aussi est-il important de mettre en relief les capacités réelles de chaque organisme concerné par la gestion de la ville.Au chapitre assainissement, la SPA issue de la municipalité, devra voir ses missions et ses responsabilités clairement définies dans le cadre de ce schéma en gestation. Le cas échéant, la nouvelle structure ne fera qu'augmenter le nombre d'intervenants sans que la gestion des ordures n'y gagne quelque chose. En matière de ressources humaines, la municipalité et la SPA chargées de la salubrité des 52 secteurs exploitent plus de 1 100 agents tous rôles confondus. «Actuellement, on tourne avec une capacité de 60%. Le déficit étant de 40% qu'il faut combler si l'on veut être au diapason dudit schéma directeur, lequel s'assimile à un outil de planification et de gestion des déchets solides, que la commune a débattu pour l'actualiser», a révélé notre même source.