De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Nous vous le concédons volontiers. Le parking devait être réalisé en 22 mois. En tout état de cause, vous avez sans doute constaté que les travaux avancent nettement mieux depuis que nous avons été désigné à la tête de l'APC.» Le Dr Chibane, maire de la ville de Constantine, dit sans doute vrai. Ce qui n'était qu'une armature en fer, hideuse en plus, est aujourd'hui revêtu de murs cimentés (la colonne de marches seulement, est-il utile de le souligner, ndlr). Entre-temps les plants nés sauvagement aux abords du parking ont eux aussi pris de l'allure pour devenir des arbres de taille normale atteignant parfois le troisième niveau de la structure. C'est dire le temps passé pour un projet prévu en 22 mois, toujours en chantier six ans après. Quand l'idée de réalisation d'un parking qui résoudrait, si ce n'est définitivement, au moins pour une bonne période le problème auquel était confrontée la ville, la population et plus particulièrement les automobilistes avaient poussé un ouf de soulagement et enregistré comme engagement irréversible les promesses faites par les différents responsables autant élus qu'administratifs de la commune relayés d'ailleurs par ceux de l'APW, dont le Dr Chibane soulignera «l'action conjointe notamment le concours financier», et la direction des travaux publics de livrer ledit projet en l'espace de vingt-deux mois.Le parking en est aujourd'hui à 72 mois, donc non fonctionnel, n'incitant même pas, comble du paradoxe et le summum du ridicule atteint, les futurs utilisateurs à désespérer malgré les conditions draconiennes de stationnement dans une cité verrouillée dans tous les sens. Le projet avait été lancé initialement, selon les informations fournies au cours d'une audience de l'Assemblée communale, dont la plus grande partie lui avait été consacrée, pour un montant de six milliards de centimes. Les intervenants précisant que le coût pouvait être revu en cours de réalisation compte tenu d'impondérables mais qu'il resterait raisonnable dans la mesure où il ne s'agit que d'une charpente métallique construite localement et par des entreprises locales. Celle-ci n'exigeant ni une grande technicité ni la mobilisation de moyens technologiques exceptionnels, l'essentiel consistant en la préparation du terrain d'assiette pour un parking appelé à accueillir 500 véhicules. Au vu de l'optimisme démesuré des acteurs impliqués dans le projet, l'affaire ne semblait, par voie de conséquence, consister qu'«en un assemblage de poutres, traverses que consolideront une série de gros boulons». A en croire les responsables à cette époque, ils n'auraient presque pas hésité à évoquer une facilité digne d'un «Lego». Or, six ans après et de sessions de l'APC en sessions de l'APW, le montant du projet a dépassé la cinquantaine de milliards avec toutefois les explications, peu convaincantes, des anciens élus et de certains membres de l'exécutif : «Ce coût est dans les normes. Les six milliards évoqués lors de l'annonce du projet ne concernaient en fait que la première tranche des travaux.» Mais plus sérieusement, le président de l'APC déclare, documents à l'appui, que «le coût final du parking avoisinera les 700 millions de dinars. 200 millions DA ont été payés à la SAPTA, 27 à l'ENGOA, 7 autres serviront à l'habillage de la structure. Autant dire que la différence a été payée à l'entame du projet pour diverses prestations». Quant à connaître la date de livraison définitive du projet, le Dr Chibane, très réaliste, a estimé : «A mon avis, le parking sera livré d'ici le mois de juin de l'année prochaine. En fait, il n'est pas exclu que tout soit terminé dans un semestre mais, par expérience, s'accorder une marge de retard ne serait pas de trop.» Depuis l'intronisation de la nouvelle équipe et la désignation de nouveaux responsables à hauteur des directions exécutives de l'APC, le parking s'est vu enfin doté d'un revêtement (en voie de finition), et les travaux de rampes d'escaliers d'accès ainsi que l'habillage interne et externe, dont le marché a été attribué dans le cadre d'un gré à gré compte tenu de l'infructuosité des appels d'offres parus dans la presse, ont été entamés. L'infructuosité répétée a d'ailleurs servi miraculeusement par la suite d'argument béton exagérément brandi par les responsables représentant la chaîne hiérarchique impliquée directement ou indirectement dans la réalisation du parking dès qu'ils sont interpellés par les correspondants de presse locaux. En tout état de cause, même si de nombreux procès d'intention sont faits au parking en raison de son incongru emplacement, des désordres techniques qu'il aurait entraînés, en raison de sa masse, sur les établissements administratifs (un établissement scolaire, une antenne administrative de Naftal) qu'il surplombe, il ne pourra en réalité que rendre service à tous les automobilistes rencontrant des difficultés de stationnement le temps de vaquer à des démarches généralement obligées et essentielles. D'autant plus que les plus concernés sont les visiteurs venant de wilayas limitrophes.