De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine L'aménagement urbain a souvent suscité l'intérêt des responsables et spécialistes s'agissant de la gestion des villes. L'amélioration du paysage et du cadre de vie dans la cité fait également partie de ce type d'actions. Mais, aujourd'hui, il est désolant de voir dans nos villes les signes flagrants d'une mauvaise prise en charge de ce volet, qui nécessite l'implication de spécialistes dans ce domaine et de responsables conscients de leurs prérogatives. Les voiries, qui, selon les règles urbanistiques, représentent le point de départ quant à l'établissement des plans des villes nouvelles et des ensembles urbains, doivent être bien réalisées et continuellement entretenues puisqu'elles jouent un rôle particulier dans la mobilité de la population, la circulation des marchandises et dans d'autres fonctions urbaines importantes. Les voiries permettent aussi l'établissement de différents réseaux liés à l'évacuation des eaux usées et pluviales et autres réseaux se rapportant à l'électricité, au gaz et au téléphone. Les dernières intempéries, qui ont touché de nombreuses régions de l'Algérie, sont, encore une fois, venues nous rappeler de tirer la sonnette d'alarme suite à la défaillance des systèmes d'évacuation des eaux pluviales. Une défaillance qui a été à l'origine de nombreux dégâts humains et matériels. Ce constat, qui est donc apparent aujourd'hui pour les décideurs et techniciens du domaine, doit ainsi les inciter à accorder plus d'importance aux systèmes d'évacuation des différents types d'eaux. La wilaya de Aïn Defla, à l'instar des autres wilayas du pays, souffre aussi de ce phénomène, qui découle d'une mauvaise politique nationale de gestion urbaine mise en place par le ministère de l'Habitat depuis de nombreuses années. Une politique ayant visé seulement les programmes d'urgence et une urbanisation rapide, dans le but de répondre à des décisions purement politiques, qui, malheureusement, n'ont pas pris en compte l'aspect technique comme point de départ de toute réflexion politique liée au contexte urbain. Réaliser des ensembles urbanistiques sans les intégrer dans leur environnement immédiat par un aménagement qui soit en parfaite harmonie, conséquemment à l'enveloppe financière consacrée à leur réalisation, est considéré comme une entrave au bon développement des villes. Le mauvais dimensionnement des voieries et autres réseaux est souvent à l'origine de nombreux dégâts ; la réalisation d'études techniques dans un cadre d'urgence sans prendre en compte le délai nécessaire de maturation des esquisses mène évidemment les techniciens à commettre des erreurs pouvant influer sur la sécurité des personnes et des structures. Au niveau du chef-lieu de la wilaya de Aïn Defla, particulièrement dans certains de ses quartiers, les avaloirs des eaux pluviales ne jouent plus leur rôle pour défaut de dimensionnement, puisque, à chaque précipitation, ils n'arrivent pas à supporter le volume d'eau qui leur est soumis, ce qui entraîne par la suite l'écoulement des eaux hors des réseaux, lesquelles ont un impact négatif sur les constructions et les infrastructures de base telles que les routes. La boue prend aussi place sur les trottoirs, qui, d'ailleurs, ne sont pas bien réalisés ou exigent une rénovation au niveau des anciens tissus urbains. Le chef-lieu de la wilaya de Aïn Defla présente des signes de ruralité dans certains quartiers situés au-delà du boulevard principal de la ville. Les rues des quartiers El Khachab, Hadj Sadok, et bien d'autres encore, souffrent d'une dégradation causée par les travaux de remplacement des conduites d'alimentation en eau potable de l'ensemble du chef-lieu. Si les automobilistes se plaignent de l'état lamentable des routes, qui engendre des dégâts importants à leurs véhicules, les citoyens se déplaçant à pied se retrouvent, quant à eux, souvent confrontés à la boue, à la poussière ainsi qu'aux nuisances générées par le dépôt d'ordures à même les trottoirs. La situation est quasiment identique dans les grandes villes de cette wilaya, à l'image de Khemis Miliana, El Attaf et El Abadia, localités à travers lesquelles la voirie accuse le même délabrement, dont les autorités locales éprouvent des difficultés à améliorer la situation, d'autant que leur réhabilitation s'intègre dans un cadre plus large qui prendrait en compte l'ensemble des composantes du tissu urbain. Cette tâche ne peut donc s'inscrire dans les prérogatives des municipalités, qui ne disposent pas d'un budget à la hauteur de l'action à mener. Dans cette wilaya, si la situation de la voirie se présente de cette manière dans les grandes villes, elle semble plus dégradée dans les petites agglomérations. A Sidi Lakhar, Djelida, Bir Ouled Khelifa et Djemaa Ouled Cheikh et dans bien d'autres communes encore, les trottoirs sont très dégradés et parfois inexistants dans certains quartiers. Dans ces communes, les chaussées ont besoin d'une opération de réhabilitation pour que ces routes jouent convenablement leur rôle . Par ailleurs, il faut reconnaître que les efforts engagés pour l'amélioration urbaine, dans le cadre de laquelle de nombreuses opérations ont été lancées, ici et là, à travers plusieurs communes, afin d'améliorer l'état du tissu urbain, ont abouti à des résultats très satisfaisants. Cependant, ces dernières n'ont pas concerné l'ensemble du territoire des villes, ce qui fait que certains endroits sont encore dégradés. Pour ce qui est des autorités communales, il semble qu'elles essayent de faire le maximum, d'autant que des opérations de nettoiement des avaloirs sont lancées régulièrement, depuis un certain temps, par les services techniques concernés. Mais tant que les réseaux d'évacuation des eaux pluviales souffrent d'un sous dimensionnement et que leur état continue de se dégrader, les pluies risquent d'être dangereuses pour la vie des personnes et de causer des dégâts aux équipements composant les tissus urbains. En somme, pour la prise en charge de ce volet, il faut qu'il s'intègre dans une politique globale visant à assurer une bonne gestion urbaine, une gestion qui doit se baser sur une politique nationale bien établie qui prenne en considération l'implication des spécialistes du domaine. Ces derniers se trouvent actuellement marginalisés, alors que d'autres sont chargés d'accomplir leur mission pour des raisons non encore déterminées, bien que ce genre de spécialistes ne manque pas dans notre vaste pays.