Un militant anticolonialiste, Henri Pouillot, a interpellé le président français François Hollande et son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian pour procéder au démantèlement d'une stèle érigée dans une caserne à Pau en l'honneur d'un ancien officier déserteur ayant été condamné à mort pour ses activités au sein de l'OAS en Algérie.Dans sa lettre ouverte intitulée Face à l'OAS, le changement, c'est maintenant, ce militant, témoin de la torture alors qu'il était affecté de juin 1961 à mars 1962 à la Villa Susini (sinistre lieu où se pratiquait la torture Ndlr) à Alger, estime qu'il serait «dans l'honneur de la France» de «corriger une telle provocation», au moment où l'Algérie célèbre le cinquantenaire de son indépendance.«Cette stèle doit disparaître de cette caserne de Pau, où sont justement formées les nouvelles recrues, en principe pour défendre notre patrie, pas pour y mener un coup d'Etat militaire. Une telle remise en cause des valeurs républicaines de la France n'est pas tolérable», écrit-il encore.Retraçant l'itinéraire du Colonel Pierre Château-Jobert, à l'effigie duquel a été érigée la stèle en 2010, M. Pouillot évoque un passé «sulfureux» de cet officier qui, affirme-t-il, s'est solidarisé avec les officiers qui, le 22 avril 1961, autour du général Challe, ont saisi le commandement à Alger. «Ce qui lui vaut plusieurs mois d'arrêts de forteresse pour ce putsch qui tenta de renverser la République Française», rappelle-t-il, ajoutant que l'officier controversé avait déserté en janvier 1962 pour rejoindre le commandement de l'OAS dans l'est algérien, avant d'être condamné à mort par contumace en 1965 et de rentrer en France de son exil en 1968, après la première amnistie. Pour Henri Pouillot, militant très actif dans des associations militant pour la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux, dont le collectif «Sortir du Colonialisme», le propos, à travers cette lettre ouverte, est d'interpeller encore une fois le gouvernement sur ces «honneurs» qui «déshonorent» la France, rendus aux «criminels de l'OAS». «L'autre objectif recherché est de fustiger le silence assourdissant du gouvernement sur les conséquences de la guerre d'Algérie, dont les crimes coloniaux», a-t-il indiqué à l'APS. Militant antiraciste et anticolonialiste, M. Pouillot avait adressé, le 26 mai dernier, une lettre au président Hollande, fraîchement élu, dans laquelle il l'interpellait au sujet du «devoir de la France de reconnaître sa responsabilité et condamner les crimes d'Etat et crimes contre l'Humanité commis en son nom pendant sa domination coloniale et tout particulièrement pendant la Guerre d'Algérie».