Le conflit syrien entre dans son dix-huitième mois, sans aucune perspective de règlement, sur fond de divisions internationales. Le président égyptien, Mohamed Morsi, a appelé à un changement de régime à Damas et le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, l'a accusé d'être devenu un «Etat terroriste». «Bachar est englouti jusqu'au cou dans le sang», a déclaré Erdogan, dont le pays accueille dans neuf camps plus de 80 000 réfugiés syriens. De son côté, et dans son premier discours devant l'Assemblée générale de l'ONU, l'émissaire international Brahimi a annoncé des visites «dans les prochains jours» au Caire et à Damas, pour tenter de trouver un début de solution à la crise. «Le bilan des pertes humaines est ahurissant, les destructions atteignent des proportions inouïes et la souffrance de la population est indicible», a déclaré Lakhdar Brahimi devant l'Assemblée générale. La situation «n'a cessé de se dégrader», a-t-il dit, jugeant «indispensable» le «soutien de la communauté internationale» à condition «que tous les efforts aillent dans la même direction». «L'avenir de la Syrie sera déterminé par son peuple et par personne d'autre», ajoutera celui qui a remplacé Kofi Annan comme médiateur de l'ONU. Pendant ce temps, les civils continuent de payer le prix fort de cette guerre, qui a fait des dizaines de milliers de morts, poussé à l'exode des centaines de milliers de Syriens et dévasté le pays. A Alep, deuxième ville du pays et verrou stratégique dans le Nord, 19 personnes, dont sept enfants, ont péri. Plusieurs quartiers de la ville manquent cruellement de produits de première nécessité. Le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a mis le doigt sur un point important de la crise. Il a critiqué les pays qui fournissent des armes aux belligérants, et lancé un appel à la solidarité internationale pour financer l'aide humanitaire. Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés, plus de 100 000 Syriens se sont réfugiés dans les pays voisins en août, «le chiffre mensuel le plus élevé depuis le début du conflit» en mars 2011. Au total, quelque 235 000 Syriens ont fui la Syrie et 1,2 million ont été déplacés dans ce pays de 22 millions d'habitants. L'ONU chiffre le bilan de la sanglante guerre civile, qui se joue toujours, à 20 000 morts. Les groupes rebelles, formés de déserteurs et de civils armés, sont rassemblés sous l'égide de l'armée syrienne libre. Mais l'interventionnisme étranger fait en sorte que la structure de cette instance reste floue, sans commandement central fort. De plus, une multitude de groupuscules extrémistes a proliféré avec la militarisation de la révolte, lui faisant perdre en crédibilité. M. B./Agences