L'information est passée inaperçue. Pourtant, elle ouvre une perspective plus qu'intéressante. La wilaya de Mascara a trié 51 tonnes de déchets de papier et de verre qu'elle a cédées par la suite à deux entreprises publiques qui se chargeront de les recycler. Le wali, qui a livré l'information, indiquera qu'une convention a été signée entre le secteur de l'environnement et ces deux entreprises pour leur approvisionnement respectif, après le tri de ces deux matières. Mascara montre la voie : le recyclage. Mais ce n'est qu'une étape, qui fait partie de tout un processus. Qui dit recyclage, dit gestion des déchets, laquelle intègre aussi bien la production des déchets que leur traitement. Et c'est là toute la question, qui n'est toujours pas complètement prise en charge et réglée, en Algérie moins qu'ailleurs. Car, une bonne gestion doit se traduire par la réduction de la production avec, par exemple, le choix des produits à la source, tel l'usage de matériaux recyclables non polluants, et un traitement englobant toutes les étapes, ce qui correspond au tri, à la collecte, au transport et au traitement et/ou au stockage des déchets. Le principe des 3 R (Réduire, Réutiliser, Recycler) pose le cadre permettant de réduire la production d'ordures ménagères nécessitant d'être traitées. Or, on en est encore à tenter de bannir le sachet en plastique qui s'est imposé et incrusté partout. On a commencé par interdire sa fabrication et son usage. Mais comme les interdits sont faits pour être contournés et les lois pour être piétinées, on a continué à utiliser impunément le sachet en plastique. On a alors essayé de l'évincer en le remplaçant par le sac en papier. Ça n'a encore rien donné et le sac en plastique est plus présent que jamais dans nos maisons, nos rues, nos rivières et sur nos arbres. Là, on se propose de fabriquer et distribuer aux ménages, sur une période de cinq ans, un million de couffins en alfa et un autre million de sacs en tissu destinés au pain. Mais que fait-on pour retirer le plastique qui est déjà dans la nature, en circulation ? Des responsables montraient fièrement à la caméra de la télévision algérienne, il y a quelques jours, des containers de tri des ordures (plastique - papier - verre) qui venaient d'être installés dans le cadre d'une opération pilote. Toutefois, ces containers ne peuvent rien apporter, même s'ils sont généralisés, car on ne peut miser sur le respect des écriteaux de tri, et les produits seront forcément souillés, donc irrécupérables et non recyclables. La pédagogie aurait dû précéder l'installation de ces containers. L'Allemagne, qui est un exemple en écologie, a adopté cette démarche en introduisant le tri et la sélection à la maison, avec la poubelle domestique qui a trois compartiments. Ainsi, dès son plus jeune âge l'enfant acquiert le reflexe de trier en utilisant le compartiment correspondant au déchet qu'il veut jeter. Et quand la réduction et le tri des ordures seront acquis, il restera à développer le recyclage qui est une activité économique, et non politique, nécessitant une structure industrielle, et un cadre législatif. La bonne gestion des ordures n'est pas pour aujourd'hui, ni pour demain. H. G.