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Le Mali face à un choix difficile
Sous les pressions de la Cédéao et du Conseil de sécurité de l'ONU
Publié dans La Tribune le 21 - 09 - 2012

Le Mali est entre le marteau et l'enclume. Le gouvernement par intérim sait pertinemment que le «temps presse» pour faire face au danger des groupes armés, dont certains affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui se sont emparés du nord du pays, mais tente de résister afin que l'intervention des troupes étrangères sur son sol n'échappe pas à son contrôle. Une résistance qui semble vaine. Hier, le Conseil de sécurité de l'ONU a, encore une fois, refusé de donner son feu vert malgré les appels au secours lancés par Bamako. Dans une déclaration, les 15 pays membres du Conseil se sont déclarés prêts à examiner une proposition pour le déploiement d'une force panafricaine au Mali à condition qu'elle soit «réaliste». Le Conseil a indiqué avoir «pris note» de la demande d'assistance adressée par Bamako à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), mais considère que la proposition doit être «réaliste et faisable» de la part de la Cédéao. Le plan militaire, exigé par le Conseil de sécurité, devrait détailler «les objectifs, les moyens et les modalités du déploiement d'une force régionale au Mali». Chose que la Cédéao refuse de communiquer pour le moment, sous prétexte que les conditions posées par Bamako ne permettaient pas un accomplissement efficace de sa tâche. D'ailleurs, la Cédéao a demandé à Bamako de revoir sa copie après que le président de transition, Dioncounda Traoré, ait expliqué clairement que «le déploiement de forces militaires combattantes est sans objet» à Bamako et que les autorités maliennes ne voulaient pas que des troupes ouest-africaines combattent, mais qu'elles apportent un soutien logistique et aérien, ainsi qu'une participation au maintien de l'ordre, une fois les villes du Nord reconquises. Jeudi dernier, les ministres ivoiriens des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, et de l'Intégration africaine, Ally Coulibaly, se sont rendus à Bamako pour remettre au président Traoré, la réponse à la demande officielle d'aide qu'il a adressée, début septembre, à la Cédéao. Deux des trois points évoqués par Bamako posent problème et ne permettent pas un «accomplissement efficace» d'une éventuelle intervention. Pour la Cédéao, les autorités maliennes doivent accepter le déploiement à Bamako d'un minimum d'éléments, tant pour assurer la logistique de l'opération que pour sécuriser les institutions de transition. La Cédéao estime également qu'une aide à la formation de l'armée malienne et un appui logistique et aérien ne sont pas suffisants et que les troupes ouest-africaines ne doivent pas être confinées dans une position passive. Ainsi donc, il est refusé au Mali de formuler l'aide dont il a besoin pour reconquérir le Nord. Il est également refusé à ce pays d'avoir le choix sur le procédé d'une intervention de troupes étrangères sur son sol et d'avoir son mot à dire sur les pays ou encore la durée du déploiement des troupes et leur positionnement. Simplement dit, le Mali n'a pas son mot à dire sur l'intervention militaire -si elle a lieu- sur son propre sol. Il faut peut-être rappeler que, lorsque la Cédéao a décidé d'intervenir au Mali, la France a applaudi et le Conseil de sécurité n'a fait aucun commentaire. Alors que la France et le Conseil de sécurité savent que la Cédéao n'a ni les moyens ni l'expérience requise pour agir efficacement contre les groupes terroristes sévissant dans le Sahel. La position de la France, qui semble favoriser une action de la Cédéao au Mali, et ce en dépit de l'échec cuisant de la première tentative militaire de cette organisation, pousse à se poser des questions sur ce choix. Reste qu'aujourd'hui, le Mali est face à un choix difficile. La Cédéao qui impose ses conditions, attend désormais une réponse du président Dioncounda Traoré. Si un accord est trouvé, elle transmettra à l'Union africaine un projet de résolution qui devra ensuite être examiné et approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies. Une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est prévue le 26 septembre à New York.
H. Y.

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