Après 11 jours d'aller-retour incessants à la Safex, le Salon international du livre d'Alger, dans sa 13ème édition, a fermé ses portes jeudi dernier. L'heure des premiers bilans a donc sonné et, sur ce point, les jugements divergent. Le premier constat pouvant être fait est celui des visiteurs qui ont été au rendez-vous cette année encore. Ils ont été nombreux à se balader de stand en stand à la recherche des bonnes occasions. Le roman, ce genre qui ailleurs fait des ravages, a suscité chez-nous presque de l'indifférence. Les indéfectibles best-sellers du SILA ont été les livres parascolaires, les livres de cuisine et, surtout, les livres religieux, exclusivement islamiques évidemment. Qu'importe, les exposants ont pu vendre, ce qui n'était pas pour leur déplaire même s'ils soulignent le fait que le salon casse quelque part le marché du livre étant donné que la plupart des amoureux du livre attendent toujours cette date incontournable pour faire les achats livresques de l'année. La professionnalisation annoncée au lancement de cette 13ème édition n'a pas été totale mais la volonté d'améliorer ce rendez-vous annuel, devenu incontournable, est tout de même perceptible. Les avis se contredisent et varient pour qualifier ce 13ème SILA que les organisateurs voulaient l'édition inaugurale de la professionnalisation. Certains apprécieront les avancées faites, notamment dans la restriction des participants aux seuls éditeurs, et d'autres décrieront l'ambiance mercantile du salon qui renvoie la manifestation à un marché plutôt qu'à un salon professionnel. Sans compter les nombreux ratages, notamment dans l'organisation des cafés littéraires et l'absence de plusieurs intervenants pompeusement annoncés dans le programme officiel, dont Aïcha Kassoul, Rachid Mokhtari ou encore l'écrivain algérien le plus médiatisé, Yasmina Khadra. La censure a également ajouté son grain de sel négatif cette année. Cette fois, c'est Boualem Sensal avec sa dernière parution le Village allemand et Salim Bachi avec Tuez les tous qui se sont vu écarter de cette manifestation. Cette censure est d'autant plus inexplicable que ces livres ne sont pas interdits dans le pays. Le SILA s'améliore sans doute dans un certain sens mais on est loin de crier victoire. Il faudrait attendre qu'il devienne un carrefour de rencontres édifiantes où des échanges et des informations pourraient circuler et s'établir entre tous les professionnels du livre, c'est-à-dire éditeurs, écrivains, libraires et importateurs, qu'il faut bien sûr rapprocher des lecteurs. Cette année, le SILA a regroupé près de 400 exposants de 23 pays, soit bien moins que l'an dernier. Espérons que la dynamique se maintienne dans le bon sens et que la 14ème édition du Salon international du livre d'Alger saura transformer l'essai marqué par celle qui vient de se clôturer. F. B.