Photo : Riad Par Lakhdar Siad Un haut responsable au ministère du Commerce (direction du contrôle économique et de la répression des fraudes) a affirmé en mars dernier sur les ondes de la chaine III de la Radio nationale que sur les 35 000 importateurs inscrits au registre de commerce, 15 000 figurent dans le fichier national des fraudeurs, en Algérie. Et ce n'est pas tout ! Ce chiffre, précisait-il, ne concerne toutefois que «20% du bilan réel». C'est-à-dire que ce chiffre déjà grave pourrait être à loisir être revu à la hausse. Et quand au moins «155 milliards de dinars de transaction commerciales sans factures» ont été recensées ces deux ou trois dernières années, on imagine que toute marchandise ne pourrait être absorbée que par le marché informel. Le seul marché qui marche en Algérie. Un marché qui a logiquement besoin de marchés informels pour l'écoulement des articles. Alors le problème de fond c'est bien sur l'éradication de la fraude économique et le reste suivra.Tizi Ouzou ne compte pas de marchés de gros communaux ou régional et c'est naturellement les marchés informels qui alimentent la population locale qui d'autre part se rabat régulièrement sur le marché hebdomadaire traditionnel pour les emplettes de fruits et légumes notamment. Mais Tizi Ouzou est la seule région d'Algérie où les pouvoirs publics assument leur rejet de construire un marché de gros de fruits et légumes après avoir pris la décision de fermer celui existant à Tala Atmane en 2003 et remballer tous les opérateurs vers un site encore plus hideux à Tadmait. Refus de régler un épineux problème qui empoisonne la vie de toutes les catégories commerçantes et des consommateurs qui consomment comme ils peuvent, des aliments qui ne sont contrôlés ni sur la qualité ni sur les prix. Ni hygiène ni sécurité. Des détaillants déclarés qui s'approvisionnent chez des grossistes activant au noir. Un véritable foutoir ! Les représentants de l'Etat cherchent à Tizi Ouzou un investisseur privé alors que n'importe quel investisseur potentiel vous dira que les conditions de ce genre d'initiative sont hostiles et contraignantes. Une autre façon vicieuse de priver la région de Kabylie d'une infrastructure essentielle à l'exercice du commerce de fruits et légumes après l'avoir estropiée du minimum de commodités à une vie décente. Officiellement, la suppression par le Conseil national des investissements au profit d'une autre wilaya du projet de 9 hectares à Tadmait est motivée par un projet privé mort-né d'un marché de fruits et légumes à proximité de la rocade sud de TiziOuzou. Une décision assimilable à un mépris tranchant de la population locale par l'administration. De plus, si le premier investisseur privé qui a mis le paquet (23 ha de superficie pour un coût de 1,259 milliard de dinars) n'est pas allé jusqu'au bout de son projet, il doit bien y avoir des raisons et c'est mêmes raisons qui n'attireront pas d'autres investisseurs à aller fructifier leur argent en Kabylie. C'est dire que le problème n'est pas réglé et qu'il se situe à un autre niveau de lecture qui ne pourrait être que politique s'agissant de cette partie abandonnée du pays. Et pour s'en laver les mais de cette situation chaotique, on essaye d'amuser les infortunés commerçants locaux avec un programme de «réhabilitation et de réaménagements» des marchés de proximité dans les communes de la wilaya de Tizi Ouzou. Et encore ! Sur 67 communes que compte la wilaya, seuls 14 marchés de proximité ont été «officiellement» aménagés. Les autres communes soit elles ne disposent pas de ce genre de site et on se demande pourquoi et où croit-on que les habitants achètent leurs besoins soit elles ne bénéficient pas de «réhabilitation et de réaménagements» des marchés de proximité et la question reste toujours posée. S'attaquer aux commerçants à la sauvette, c'est bien, si ça ne dépendait que d'eux. «Le commerce informel, ce n'est pas dans la rue mais au niveau des ports», fait bien remarquer un retraité d'une entreprise portuaire publique.