Dans la pratique de l'exercice des pouvoirs en Algérie, il n'est pas fait obligation à un gouvernement de présenter son bilan devant les parlementaires une fois appelé à d'autres fonctions. Ahmed Ouyahia est parti ainsi dans une sérénité institutionnelle et sans faire trop de bruit. Sans se rendre à l'Assemblée populaire nationale étaler les performances de son règne. Son successeur Abdelmalek Sellal arrive, lui aussi, avec une sérénité semblable. Pour mettre les formes, le nouveau gouvernement s'est attribué un plan d'action qu'il s'engage à concrétiser. Mais en présentant la réhabilitation du «service public comme un axe» du plan gouvernemental, il est difficile aux Algériens de croire à un véritable programme. On se résout dès lors à la réalité : le plan d'action du nouveau gouvernement n'est qu'une reformulation de celui de l'ancienne équipe. Pour la mise en œuvre dudit programme, il faut attendre. Pour l'heure, le citoyen est servi d'intentions gouvernementales. Mais il faut d'ores et déjà reconnaitre au nouveau Premier ministre d'avoir accompli ce que ne lui permet pas le fonctionnement des institutions de l'Etat. Car, dans les faits, quand Abdelmalek Sellal annonce la poursuite des chantiers entamés depuis des années et qui sont toujours à la traîne, il venait de présenter implicitement le bilan de son prédécesseur Ahmed Ouyahia. Certains chantiers que le Premier ministre promet d'attaquer ont figuré déjà dans la feuille de route de l'ex-staff gouvernemental. Il est désormais promis de le réaliser. D'autres formules, abandonnées ou avortées, vont devoir refaire surface. C'est le cas de la formule Aadl pour l'épineuse question du logement. C'est aussi le cas d'Ousratic, une formule pour laquelle le gouvernement tentera de rétablir la connexion. Avec la réinvention de ces formules ainsi que le désir affiché de rétablir l'autorité de l'Etat, ne sommes nous pas dans un discours qui certifie clairement l'échec du gouvernement précédent ?À l'évidence, des institutions défaillantes alimentées par des partis politiques défaillants ne peuvent mettre en œuvre un plan d'action même quand le financement ne pose aucun problème. Cela se décline chez des membres du gouvernement, plus que jamais appuyés par leurs relais partisans, qui ne se recrutent pas exclusivement dans les restes de l'Alliance présidentielle. Ces membres, sans réelles convictions politiques, ne se gênent pas à afficher leur fidélité au programme du Président. Ils disputent ainsi leur appartenance et leur paternité à un programme qu'ils n'ont pas pu appliquer. Il y a cependant l'oral de Sellal devant les députés qui signe l'échec de son prédécesseur. Inutile donc d'imposer un tel exercice, comme cela se fait dans les démocraties, à un Premier ministre remercié. Son successeur se charge de la mission. Au nom de la continuité et de la fidélité au programme du Président ! A. Y.