Photo : M. Hacène Par Samir Azzoug La grève des trains s'est poursuivie, hier lundi, dans la région d'Alger. Lancé mardi 25 septembre, sans préavis ni échéances ni même une plateforme de revendications dûment présentée à l'employeur, ce mouvement de protestation organisé par ledit syndicat des conducteurs de trains du dépôt d'Alger traîne depuis une semaine. Pour l'heure, aucun dénouement ne se profile. Après de multiples tentatives de joindre les belligérants, hier, les téléphones sonnaient dans le vide. Y avait-il en parallèle une grève de communication ? Malgré un service «d'urgence» mis en place par la Société nationale des transports ferroviaires (Sntf), assurant deux trains quotidiens pour les longues distances et quelques navettes pour les banlieues, les usagers semblaient indignés par cette énième atteinte à leur droit : celui d'avoir accès à un service public. Au-delà du droit à la grève qui est un droit constitutionnel, il est inadmissible que les citoyens continuent d'être pris en otage dans des conflits «douteux». Geler l'activité d'un secteur stratégique, même pour des revendications légitimes, ne peut se faire au grès des humeurs. Car celles (les humeurs) des usagers priment. Comment se fait-il que le syndicat gréviste n'a présenté sa plateforme de revendications à son employeur qu'après près d'une semaine de grève ? Selon le directeur des ressources humaines de la Sntf, la liste des requêtes ne lui a été présentée que le dimanche 30 septembre, soit 5 jours après le début de la contestation. Après avoir motivé leur mouvement de colère par le licenciement d'un des leurs, les conducteurs de train ont soulevé des préoccupations socioprofessionnelles liées à la revalorisation de certaines primes, mais surtout pour dénoncer l'absence de conditions de sécurité. Des réclamations légitimes si la forme était respectée et le citoyen aussi. Lors d'un point de presse animé au siège de la Sntf, au lendemain du premier jour de grève, le DRH s'étonnait de la soudaineté du mouvement et du refus des contestataires de présenter leur plateforme de revendications ou de s'asseoir autour d'une table de négociation. La Sntf et la Fédération des travailleurs des chemins de fer avaient essuyé le refus des conducteurs de tenir une assemblée. C'est une deuxième étape dans la contestation qui va au-delà d'un mouvement de solidarité pour un collègue ou des revendications socioprofessionnelles. Cela ressemble plus à une rébellion contre la société ferroviaire et son partenaire social, qui est la fédération des syndicats. Dimanche, le ministre des Transports affirmait avoir donné des instructions à la Sntf pour trouver des «solutions consensuelles» à la crise. Le même jour, Noureddine Dakhli déclarait à l'APS que les contacts étaient établis avec les syndicats pour mettre un terme à cette grève dans «les plus brefs délais». Après avoir enclenché les procédures de sanctions contre les grévistes pour arrêt de travail et grève «illégale», voilà que la Sntf, court-circuitée par les contestataire, se voit dans l'obligation, et sur «instruction», de lever le pied de la pédale. Le transport ferroviaire en Algérie et ailleurs, est un service public. Chaque jour de paralysie est une perte inestimable en temps et en argent pour les usagers et l'économie nationale. La Sntf compte quelque 280 sections syndicales, si chaque corps de métier décidait de bloquer la machine, mieux vaudra alors baisser le rideau. La lutte syndicale est un droit. Mais personne n'a le droit de prendre en otage les citoyens et surtout pas pour des luttes internes.