Les membres de la section syndicale des conducteurs de train, réunis hier au dépôt d'Alger, ont décidé à l'unanimité le maintien de la grève, entamée il y a six jours, jusqu'au recouvrement des conditions adéquates de travail. «Nous reprendrons notre activité quand les normes de sécurité en vigueur dans le secteur seront appliquées. Nous voulons éviter la mise en danger des usagers et des travailleurs», nous a indiqué un syndicaliste au téléphone à l'issue de la réunion. Ce débrayage a paralysé le transport ferroviaire où n'est assuré que le service minimum. Le conclave d'hier a été précédé par un autre jeudi à l'issue duquel, les syndicalistes ont remis à la direction de la SNTF, une plateforme de revendications socioprofessionnelles. «Le DRH pense que notre requête se limite au soutien de notre collègue menacé de licenciement après un accident de train. Nos revendications sont d'ordre socioprofessionnel. Elles se rapportent aux aspects sécuritaires ainsi qu'à la gestion de l'entreprise. Ces responsables ont des comptes à rendre. Nous avons fait un constat. Nous dénonçons la vétusté du matériel, des installations électriques qui ne répondent pas aux normes. Les responsables ont toujours caché leurs erreurs de gestion sous couvert de vandalisme. Nous maintenons la pression et nous exigeons une enquête dans chaque service», nous a-t-il indiqué, ajoutant que le syndicat a proposé à la direction l'organisation d'une conférence de presse conjointe, mais elle a refusé. «Nous n'avons rien à cacher. Nous avons des preuves de tout ce que l'on avance. Eux, en revanche, ils désinforment le public en omettant volontairement de parler de tout ce qui concerne la sécurité du secteur. Pourquoi sommes-nous toujours des boucs émissaires», déplore-t-il en soulignant que le syndicat reste ouvert au dialogue. «La porte des négociations est ouverte à condition d'avoir des interlocuteurs responsables, attentifs aux besoins du secteur. Notre démarche ne constitue pas une atteinte à l'image de l'entreprise. Nous souhaitons le meilleur pour le secteur et notre souci est de préserver des vies. Nous faisons des suggestions, mais nous n'avons pas de partenaire viable pour nous écouter», souligne-t-il. Aussi, il nous a indiqué que s'ils sont obligés d'appliquer la décision de justice, c'est-à-dire reprendre le travail, ils iront à leur poste mais sans faire démarrer les trains. Il explique cette position par le danger qu'ils constituent en raison de leur état vétuste. La direction appelle à la raison Pour sa part, M. Noureddine Dakhli, directeur des ressources humaines à la SNTE, nous a indiqué ne pas avoir eu connaissance de la tenue de cette AG. Il nous a signifié que la réunion qu'il a tenue jeudi avec les acteurs du mouvement n'a pas abouti car certaines revendications des conducteurs de train ne pouvaient être satisfaites. «Je suis venu écouter leurs doléances. Des revendications ont été exprimées mais ils n'ont toujours pas mis au point de plateforme. Les revendications concernent essentiellement le conducteur de train incriminé. Je leur ai fait savoir qu'une procédure légale était en route et que je ne peux me substituer à la commission de discipline. Pour eux, le conducteur n'est pas responsable. Pour ma part, la commission d'enquête a fait son travail et a conclu en une responsabilité pleine et entière de ce dernier. Son implication est avérée, des décisions disciplinaires vont être appliquées mais il a la possibilité de passer devant une commission de recours.» «Je lance un appel à la raison afin que tous les grévistes retournent à leur poste. Cette grève a été déclarée illégale. Si sur le terrain, nous observons que les travailleurs n'ont pas repris le travail, alors ils devront assumer leurs responsabilités. Cette situation n'a que trop duré. Les usagers sont empêchés de voyager, les trains de marchandises de circuler, nous avons mis en place des mesures administratives, le but n'est pas de sanctionner les cheminots mais de les remettre au travail», souligne-t-il. Il a tenu aussi à démentir les dires de certains conducteurs qui accusent l'administration de mauvaise gestion. «Cette façon d'agir nuit à l'image de l'entreprise. Ils inventent des choses, si ils possèdent des preuves de ce qu'ils avancent, qu'ils les soumettent» nous a-t-il indiqué.