Photo : Riad Par Samir Azzoug La grève amorcée par les conducteurs, mardi 25 septembre 2012, ne perturbe pas seulement la circulation des trains. Le mouvement de protestation met également la Société nationale des transports ferroviaires (Sntf) dans une situation délicate. Suivi à 75% au niveau de la région d'Alger et soutenu par un «petit mouvement» à Oran, d'après le directeur des ressources humaines (DRH) de l'entreprise, Noureddine Dakhli, ce débrayage intempestif semble délicat à gérer. D'autant que le dialogue entre les grévistes et la direction de la société peine à s'établir. «Ils refusent de nous remettre leur plateforme de revendications», atteste-t-il. D'après les déclarations des initiateurs du mouvement, publiées par la presse nationale, cette grève est un mouvement de solidarité avec un mécanicien qui aurait fait l'objet d'un licenciement. Un élément déclencheur auquel les membres du syndicat des mécaniciens ajoutent des revendications socioprofessionnelles. Face à ces réclamations, le DRH se dit complètement étonné et regrette cette situation d'autant qu'il «dément formellement un quelconque licenciement de qui que se soit», assure-t-il lors de la conférence de presse animée hier au siège de la direction générale de l'entreprise. Sur ce point, N. Dakhli explique que le conducteur en question est mis en cause dans un accident de train survenu le 12 août 2011 à l'entrée de la gare de Corso (wilaya de Boumerdès). Le choc a occasionné la mort d'un chef de train, fait 45 blessés en plus de dégâts matériels importants, rappelle le conférencier. «La commission d'enquête à remis son rapport révélant la responsabilité pleine et entière du conducteur», révèle le DRH. «Il savait qu'il devait réduire sa vitesse à moins de 30 km/h sur ce tronçon. Les instruments de contrôle ont indiqué qu'il roulait à une vitesse de 103 km/h», poursuit-il. Noureddine Dakhli explique qu'au lendemain des faits, ce mécanicien «s'est mis en maladie suspendant ainsi la relation de travail entre lui et la société. Il est rentré ces jours-ci, il n'était pas suspendu mais interdit de conduire en attendant de passer devant la commission de discipline». Lui, présent, des délégué syndicaux ont déserté les rangs de ladite commission provoquant sont report pour le 3 octobre prochain. «Il doit passer par la commission de discipline, l'Administration validera la décision et il aura le droit de faire un recours. Il ne faut pas oublier qu'il y a eu mort d'homme». Au sujet des revendications socioprofessionnelles, le DRH s'étonne de n'avoir reçu aucune plateforme. «Le mercredi 19 septembre on a assisté à l'assemblée générale du syndicat des mécaniciens, ils ont bien relevé quelques points concernant la sécurité et les conditions de travail. Mais, à aucun moment ils n'ont annoncé de grève ou soulevé le cas de leur collègue», s'étonne-t-il. «Nous ne sommes pas parfaits, mais nous avons considérablement amélioré la situation socioprofessionnelle des cheminots ces dernières années», a encore déclaré le représentant de la Sntf en citant, entre autres, les nouveaux équipements des cabines. En termes de rémunération, il révèle que le salaire net moyen des cheminots est passé de 24 000 DA en 2008 à 46 000 DA. Celui des conducteurs est passé de 29 400 à 60 000. «Avec la prime de rendement kilométrique, un conducteur peut atteindre les 90 000 DA par mois», précise le DRH. Il ajoutera que la gratification de fin de carrière est passée de 400 000 à 950 000 DA. «Quant à la signalisation et aux problèmes de sécurité, la Sntf est la premières victime des actes de vandalisme et vols de câbles. On est conscient de ce danger, mais ce n'est pas de notre ressort», déplore-t-il. Selon N. Dakhli, la direction de la Sntf et la fédération des cheminots ont appelé les grévistes à dialoguer, sans succès. «Nous sommes obligés de prendre des décisions disciplinaires. Dès hier (mardi) des huissiers ont constaté l'illégalité de mouvement et nous avons entamé la procédure de mise en demeure des grévistes», annonce-t-il en insistant sur l'impératif de rétablir une circulation normale des trains. Pour ce faire, en plus des mécaniciens non grévistes, la Sntf a mobilisé ses cadres, des chefs de tractions, pour assurer un service d'urgence. «Nous assurons le transport sur les grandes lignes, un train le matin, pour Constantine et Oran, et un autre le soir. Pour les banlieues trois trains seront assurés (matin et soir) sur l'Est et deux sur l'Ouest», annonce N. Dakhli qui assure que «les portes du dialogue restent ouvertes pour les contestataires».