On pensait naïvement que la distribution des logements allait enfin être réglementée avec la mise en place d'un fichier national en 2001. La longue attente usait le simple citoyen qui était frustré de voir toujours les mêmes bénéficier d'un toit. Les gros bonnets et ceux aux bras longs, mais aussi ceux qui usaient de passe-droit. La liste des bénéficiaires au niveau national était censée mettre fin à la fraude. Il n'en est rien puisque le fichier national n'a jamais été mis en application, comme toutes les lois élaborées pour adoucir l'existence des citoyens, sauf en imagination. Le logement, la calamité de la fin du siècle dernier et de ce siècle, le XXIe, qui voit les Algériens vivre dans des F1 et dans des taudis. On dit que l'espoir fait vivre, mais cet adage est menteur quand il s'agit de l'acquisition d'un logement dans notre pays. Le trafic et le favoritisme peuvent toujours s'exercer en toute impunité et des propriétaires de logements continuer à accaparer des habitations en usant de népotisme et de corruption, pour les revendre, alors que ceux qui en ont réellement besoin ont fini par désespérer, à moins d'un miracle puisque les spéculateurs n'obéissent qu'à leur propre loi, celle du trafic et du clientélisme. L'instruction donnée par le Président de la République pour que les Algériens soient logés a rappelé l'existence du fichier national qui, selon les propos du nouveau ministre de l'Habitat, M. Abdelmadjid Tebboune, devra rétablir la transparence totale dans la distribution de logements. «Il faut que les citoyens soient rassurés quant à notre détermination à rétablir la transparence totale dans les opérations de distribution de logements», a-t-il déclaré,récemment, alors que le plan d'action du nouveau Premier ministre était débattu à l'APN. «Le Président a donné des instructions pour que les Algériens soient logés (...) et sur instructions du Président lui-même et du Premier ministre, nous allons être intransigeants avec ceux qui tentent de profiter indûment de logements, ruraux ou sociaux, destinés aux démunis». L'avertissement devrait mettre fin à la gabegie et à l'appétit vorace de cette frange de privilégiés. Mais encore faut-il que l'on passe de la menace aux sanctions sévères promises par le ministre de l'Habitat qui a rappelé à notre souvenir l'existence du fichier national du logement, fin prêt, selon ses propos. Celui-ci (le fichier) constituera un gage en plus de la transparence escomptée en matière d'affectation de logements en Algérie, toujours selon ses déclarations. Il faudra pour ce faire que le premier magistrat du pays pèse de tout son poids pour mettre en pratique ce fichier qui n'arrange pas certaines sphères et certaines autorités habituées à faire du logement une monnaie d'échange et à en «gaver» les proches, au détriment du citoyen moyen qui ne voit pas la fin de son calvaire. R. M.