Le problème est tellement complexe et le cumul important qu'il semble difficile à résoudre. Avoir un logement de nos jours relève du miracle, tant les critères de distribution sont hors normes. Ce n'est pas un citoyen lambda qui pourrait y accéder avec ses humbles moyens et ses revenus moins que moyens. Un appartement vaut aujourd'hui une fortune, et à moins d'être milliardaire, on ne peut en acquérir un. La spéculation, les trafics en tout genre et la surenchère ont fait que le prix d'un toit donne le vertige. Beaucoup, pour se faire remarquer et ouvrir droit au relogement, se rabattent sur les taudis et transforment des localités entières en bidonvilles. Une pratique qui fait des émules parmi les plus audacieux, alors que d'autres, plus pudiques, se contentent de vivre dans l'exigüité de logements qui n'en ont que le nom sans l'espoir d'en sortir un jour. C'est que le favoritisme et les passe-droits sont les seuls critères de distribution dans des sphères dont l'accès est limité aux privilégiés. A défaut de rigueur de la part de l'Etat, tous les dépassements sont permis. Les mêmes attributaires se voient encore bénéficier de largesses de proches et de copains qui en usent comme de leurs propres biens, parfois à des postes de haut niveau. Une vraie jungle où le simple citoyen a appris à ne rien espérer, connaissant parfaitement les procédés qui permettent d'accéder à une habitation décente. Des chemins qui lui sont fermés ou qu'il ne veut pas emprunter parce que «tortueux». Un fichier national, pensé en 2001, devait être mis en œuvre pour comptabiliser les listes de tous les bénéficiaires de logements à l'échelle nationale de façon à ce qu'ils ne puissent pas y prétendre ou encore en bénéficier. Celui-ci n'a jamais vu le jour, les pouvoirs publics ayant été dans l'incapacité de l'imposer à ceux qu'il gêne dans leurs pratiques maffieuses. Le plan du nouveau gouvernement prévoit de rétablir la transparence dans la distribution des logements, ce qui suppose donc la mise en application de ce fichier. Le président de la République a donné instruction pour que les Algériens soient logés, espérons que les embûches seront ôtés sur le parcours devant mener à la réalisation du rêve des citoyens qui est le même : le logement. R. M.