Pourquoi le sport algérien ne produit-il plus de champions ? Pour la simple raison que l'esprit du travail ne répond plus aux critères de la rationalité. Nous sommes bien dans un environnement sportif dominé par des charlatans. Sous la direction de cette catégorie de dirigeants, il est manifestement illusoire d'espérer des résultats positifs dans les compétitions africaines et internationales. L'urgence est donc d'instaurer des modes de planification et de préparation qui tiennent compte scientifiquement de tous les facteurs à même d'influer sur le résultat final. Il faut se rappeler les conditions et le processus ayant précédé la naissance de certains champions les années passées. Il y a sans doute la place du don et des prédispositions naturelles de l'athlète comme cela fut le cas avec les Morceli, Boulmerka, Moussa Mustapha et bien d'autres. Ces noms ont annoncé la couleur dès leur plus jeune âge. Placés dans des conditions favorables, ces dignes ambassadeurs du sport algérien ont pu enregistrer des satisfactions pendant plusieurs années. Il est tout à fait naturel que les Algériens soient déçus dès que leurs champions commencent à accuser le coup. Mais il s'agit bien d'une autre étape de la performance. Celle de maintenir le champion au plus haut niveau. Et, à ce niveau, la réalisation d'une telle mission ne manque pas d'exigences. Avec l'émergence d'athlètes de performance, mais qui se révéleront au bout de quelques années à court de souffle, l'Algérie du début du troisième millénaire a dû vérifier la difficulté d'inscrire ses champions dans la classe des «performances de longue durée». L'objectif devient difficile à réaliser dans les sports collectifs. Sur ce registre, l'équipe du MCA le handball mérite bien le trophée de la constance et de la régularité. Avec une domination incontestable sur le continent africain, les handballeurs du Mouloudia d'Alger ont décidément prouvé que rester performant pendant longtemps est loin d'être une chimère. Dans le football, la JS Kabylie s'est installée reine de la Coupe de la Confédération africaine pendant trois ans. Un scénario qui n'est pas à la portée du premier venu. Néanmoins, la formation kabyle n'a pu réussir son passage au niveau supérieur dans la mesure où elle cumule les échecs dans la compétition la plus prestigieuse du football africain interclubs, à savoir la Ligue des champions. Pourquoi, donc, nos clubs ne parviennent-ils pas à remporter ce trophée qu'ils inscrivent souvent comme l'un de leurs objectifs ? Si la réponse à cette interrogation ne pouvait pas être habillée de clarté, à Alger, elle ne souffrira d'aucune ambiguïté, vue du Caire où Al Ahly s'accroche mordicus à la finale dont il a disputé la cinquième d'affilée avec une forte probabilité de sacre cette fois encore. Il est clair qu'en matière de popularité et de traditions footballistiques, des clubs algériens ne manquent pas d'atouts et d'arguments. Il semble, cependant, que le club égyptien a pris une autre dimension en termes d'organisation, de structuration et d'infrastructures. Al Ahly réunit manifestement tous les attributs d'une institution : assise populaire, statut juridique et stabilité managériale. Tous les facteurs de la réussite sont ainsi réunis. En Algérie, l'Entente de Sétif est en train de faire avancer son plan de structuration du club. Aidé par ses deux sacres consécutifs dans la juteuse Coupe arabe, le club commence à voir grand. Même si les Noir et Blanc vivent des changements fréquents à la barre technique, des observateurs voient dans le fonctionnement du club des signes de professionnalisation qu'il faudra certainement peaufiner. Au-delà de toutes ces considérations, nul n'ignore que rien ne peut être réalisé sans le nerf de la guerre. Mais gardons en vue que, même si l'argent coule à flots, les résultats risquent de ne pas suivre. Surtout quand c'est la rationalité qui vient à manquer. A. Y.