Photo : Riad Par Amel Bouakba Au moment où l'arrestation et les poursuites judiciaires contre des militants des droits de l'Homme et des syndicalistes continuent de susciter un véritable tollé, Me Farouk Ksentini dégage la responsabilité de l'Etat quant à ces violations, pointant du doigt «les responsables locaux». Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), a affirmé qu'il n'y a pas «une volonté délibérée d'atteinte aux droits de l'Homme de la part du gouvernement». Il s'agit, selon lui, «de maladresses de la part de personnes qui ont la capacité de poursuivre judiciairement et non d'une politique voulue du gouvernement de persécuter les militants des droits de l'Homme». L'avocat a incriminé «des responsables locaux qui assument mal leurs fonctions». Il a précisé que «les poursuites se soldent souvent par des décisions symboliques et des peines avec sursis, susceptibles d'appel». S'exprimant, hier, en marge de la septième rencontre sur le dialogue autour des droits de l'Homme entre les pays arabes et européens, Me Ksentini a souligné que «ces condamnations sont inutiles et on gagnerait en matière de respect des droits de l'Homme si on en faisait l'économie». Il faut dire que l'arrestation du blogueur et défenseur des droits de l'Homme, Yacine Zaïd, à Ouargla, a provoqué une vague de colère de la part des militants des droits de l'Homme. Accusé d'«outrage à des agents de police», il a été condamné à six mois de prison avec sursis, par un tribunal de Ouargla. Pour rappel, Yacine Zaïd était déjà poursuivi dans une autre affaire avec trois autres militants des droits de l'Homme. Les quatre militants avaient été interpellés le 26 avril dernier par la police devant le tribunal d'Alger, alors qu'ils manifestaient leur soutien à Abdelkader Kherba, un militant de la Laddh, jugé pour «incitation à l'attroupement». Selon le Réseau de défense des libertés et de la dignité (Rdld), «l'arrestation de Yacine Zaïd n'est pas une dérive ou un excès de zèle mais c'est un coup bien calculé». De son côté, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) a dénoncé ce qu'elle qualifie de «harcèlement judiciaire», et a mis en garde contre «l'instrumentalisation» de la justice en vue de faire pression sur les militants des droits de l'Homme en Algérie.