Les élections présidentielles aux Etats-Unis soulèvent moins d'enthousiasme qu'en 2008. La ferveur de l'Obamania est, depuis, retombée, suite à la désillusion suscitée par un mandat démarré pourtant sur les chapeaux de roue il y a quatre années. Le président Barack Obama récipiendaire du fameux prix Nobel de la paix après des discours courageux dont celui remarqué du Caire, a finalement déçu les espérances. Malgré sa complexité, l'élection du président de la plus grande puissance du monde reste hyper médiatisée tant les Etats-Unis sont quasi-incontournables sur le plan international. Le mode d'élection demeure très spécifique : des élections par Etat où parfois seulement une voix supplémentaire est nécessaire pour gagner nonobstant le pourcentage. Pour espérer remporter le scrutin, les candidats se concentrent sur une dizaine d'Etats où les majorités alternent Démocrates et Républicains, les fameux «swing States». Dix Etats où se concentrent des moyens énormes, la campagne étant évaluée à 2 milliards de dollars, où les électeurs sont soumis à un battage de milliers de spots publicitaires. Le bilan du premier mandat de Barack Obama demeure mitigé. Economiquement, Wall Street, symbole du capitalisme dominant, n'a jamais été aussi puissant qu'aujourd'hui, les inégalités ont redoublé. Plus rapidement que sous la période Bush, selon des observateurs. «Un Américain sur 6 ne mange pas à sa faim.» La révolution verte, qui avait pris un pan important lors de sa campagne 2010 n'a pas eu lieu. Le nombre d'expulsions d'étrangers a augmenté (400 000 par an, un chiffre sans précédent depuis Eisenhower). Pour beaucoup de spécialistes, la crise liée aux subprimes étant passée par là, l'Américain est appelé à choisir entre deux faces d'une même pièce. Cette absence de différence remarquée entre la politique des Démocrates et celle des Républicains pousse l'électeur indécis à la difficulté de faire son choix. L'électorat du président sortant composé de jeunes, de femmes, de diplômés mais aussi des communautés noires ou hispaniques déçues ont du mal à se mobiliser. Ils semblent condamnés à faire «un choix entre le mal et le pire». Le pire c'est bien sûr Mitt Romney, dont les partisans sont moins nombreux mais fortement mobilisés. Pour le candidat républicain l'Amérique est composée de deux parties, «les travailleurs et les parasites». Sur le plan international l'image des Etats-Unis sous la présidence de Barack Obama a subi quelques écornures. «Les Etats-Unis ne sont plus la superpuissance qu'ils étaient. Ils ont perdu des guerres et le modèle économique qu'ils proposent au monde depuis 50 ans est affaibli par la crise» estime Benoît Breville journaliste au Monde diplomatique. «Maintien, certes aménagé de l'embargo de Cuba, même hostilité vis-à-vis du Venezuela, même attitude par rapport à Israël, même menace d'intervention en Iran, même ingérence en Amérique du Sud comme au Honduras...» Le bilan international d'Obama est loin d'être «révolutionnaire». Et une éventuelle victoire de Mitt Romney donnerait libre court à «l'hostilité de plus en plus obsessionnelle contre les Arabes, à un alignement de plus en plus prononcé sur les thèses de l'ultra-droite israélienne développés par les Républicains durant la campagne». Sans parler de l'effet psychologique patent sur le plan idéologique. «Cela galvaniserait la droite, mettrait en échec la relance par la croissance voulue en Europe, Europe que Mitt Romney qualifie de socialiste et en crise parce que socialiste» estime Breville. L'attaque du consulat américain en Libye qui a vu la mort de l'ambassadeur US occupe actuellement une place inattendue dans la campagne. Mitt Romney en fait un argument frappant face à son rival. Le deuxième débat entre les deux hommes prévu aujourd'hui mardi sera sans nul doute crucial pour la suite d'une campagne se durcissant au fur et à mesure que se rapproche le jour de l'élection. Ce deuxième face-à-face télévisé s'apparentera à un jeu de questions-réponses avec une brochette d'électeurs représentatifs. La politique étrangère devrait occuper dès lors une place centrale dans la campagne présidentielle. Le candidat républicain Mitt Romney semble décidé à orienter le débat vers l'international pour embarrasser un rival contraint de présenter un bilan de quatre années. Depuis vendredi, les poids lourds du parti républicain multiplient les attaques à l'encontre de l'Administration actuelle, à propos notamment de la gestion jugée désastreuse de l'attaque du consulat américain à Benghazi. Barack Obama qui est paru loin de sa forme lors du premier débat aura fort à faire pour retourner la situation en sa faveur et influer sur le choix de l'électeur américain particulièrement volatile. Pour l'heure, celui qui a fait sensation en novembre 2008 avec son «yes we can» et soulevé l'enthousiasme mondial pourrait bien être élu. Mais par défaut. M. B.