Photo : S. Zoheir Par Amirouche Yazid À petites doses, les membres du gouvernement français commencent à révéler l'esprit et les visées de la visite du président François Hollande annoncée pour le mois de décembre prochain. Par la voix du ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, on apprend qu'à l'occasion de la visite du président français en Algérie, c'est «le partenariat stratégique» qui sera à l'ordre du jour et pas «le traité d'amitié». Sur Europe 1 et I-télé, Laurent Fabius a déclaré que «nos amis algériens ne souhaitent pas qu'on rentre dans ce type d'instrument juridique. Ils veulent un partenariat stratégique avec nous et c'est aussi notre approche». Toujours à propos du traité d'amitié, Fabius a soutenu que «ce concept ne sera pas retenu». Plus clairement, il a indiqué que le voyage du président Hollande ne donnerait pas lieu à une repentance de la France sur son passé colonial. L'explication donnée par le ministre français est que «les Algériens ne souhaitent absolument pas qu'on fasse un voyage tourné vers le passé». Les propos diffèrent chez Kader Arif, ministre français des Anciens Combattants. Pour lui, «il n'est pas question de faire repentance», mais de «regarder notre histoire de la façon la plus juste». Il annoncera aussi que «nous avons mal à notre mémoire et il s'agit de regarder notre histoire de la façon la plus juste, la plus transparente et la plus apaisée afin de dépasser les douleurs qui subsistent des deux côtés de la Méditerranée». S'appuyant sur les dernières déclarations du président François Hollande dans lesquelles, «la repentance» et «l'autoflagellation» sont précédées de négation, Kader Arif estime qu' «il faut qu'avec l'Algérie nous puissions tourner la page ensemble, ce qui signifie que les Algériens soient eux aussi capables de faire des gestes». Quant aux excuses attendues par les autorités algériennes de la France coloniale sur ses crimes de guerre, le ministre de Hollande est catégorique. «Il s'agit davantage de reconnaissance des choses. De part et d'autre», a-t-il défendu. Mais que doit donc reconnaitre l'Algérie qui a subi les atrocités de l'ordre colonial pendant plus d'un siècle ? Kader Arif évoque, à ce propos, «l'impossibilité pour nos compatriotes harkis de se rendre dans le pays de leurs ancêtres et d'y être enterrés». Une «impossibilité» qu'il qualifie d'«inacceptable». À propos de la visite de Hollande à Alger, le ministre des Anciens Combattants dit qu'elle aura pour objet de «discuter avec les Algériens d'une urgence de stabilité au Sahel, de faire redémarrer un espace d'échanges régional après l'échec de l'Union pour la Méditerranée, de signer un traité franco-algérien». Avec cet «espoir» formulé que le traité portera le nom de «traité d'amitié».