Photo : Sahel Pour le troisième jour du 4e Fitb, le public du théâtre de Béjaïa a eu droit à une surprise d'un assez mauvais goût avec la présentation du spectacle Lahnana ya laouled, de Kadour Naïmi. Natif de Sidi Bel Abbès, Kadour Naïmi, qui est le fondateur du Théâtre de la mer en 1968, a fait son come-back en Algérie cette année après plus de 40 ans d'exil. Et il faut croire que ce long temps en dehors du pays a creusé un fossé entre le metteur en scène et les réalités algériennes et créé un déphasage avec le théâtre d'aujourd'hui. Produit par le Théâtre régional de Béjaïa (TRB), ce spectacle relate l'invraisemblable histoire de haine profonde entre les Tigres, «les méchants», et les Colombes, «les gentils». Houria, une fille de la tribu des Tigres, tombe amoureuse de Chakib, qui, lui, est de la tribu des Colombes, l'ennemie. Du déjà vu, déjà entendu, mâché et remâché. De plus, l'histoire archi-classique est bourrée de clichés. On retrouve dans la pièce la femme battue par son frère, l'homme sexiste qui joue les durs, la maman déchirée entre ses deux enfants qui n'arrivent pas à s'entendre et d'autres stéréotypes du même acabit. En mettant en scène l'indémodable lutte entre le bien et le mal à travers une histoire d'une platitude désolante, le metteur en scène a carrément raté son coup. La pièce sera achevée par la direction artistique et l'interprétation des comédiens qui ont été lamentables. La réaction des amoureux du 4e art sera d'ailleurs on ne peut plus critique. Certains diront qu'ils étaient carrément sous le choc. «C'est une pièce à laquelle même des enfants auraient refusé d'assister», dira un comédien. Un passionné présent dans la salle sera plus tranchant : «Franchement, ils ne pouvaient pas faire pire que ça.» De l'avis de tous ceux que nous avons contactés, le metteur en scène qui a une réputation de génie, aurait dû s'interdire une telle médiocrité. Il n'avait pas besoin de ça, il aurait pu se passer de cette pièce. Dire que Lahnana ya laouled devait, au départ, ouvrir cette 4e édition du Festival international du théâtre de Béjaïa (Fitb) ! En se ravisant et en la déprogrammant, les organisateurs ont implicitement reconnu la médiocrité de la production qui aurait anéanti le Fitb 2012. Avec un ratage à l'ouverture, l'édition aurait eu du mal à se relever.