Les bus de l'Etusa (Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger) sont à l'arrêt depuis dimanche. Les travailleurs ont repris leur action protestataire du mois d'octobre dernier, suspendue suite à l'engagement de la direction générale de faire appliquer la convention de branches de 2007, l'augmentation de salaire de 2250 DA sur le salaire de base et la réintégration des travailleurs licenciés. Un protocole d'accord a été signé entre cette même direction, la fédération nationale des travailleurs des transports (Fntt) et le bureau du syndicat d'entreprise. Tous les trois, contestés aujourd'hui par des travailleurs en colère qui réclament à la fois le départ du directeur général, du secrétaire général de la Fntt et les membres du bureau du syndicat d'entreprise. «Cette nouvelle direction n'a rien apporté pour les travailleurs qui vivent, depuis, dans un climat de terreur. Barakat la hogra ! Y en a ras-le-bol de tous les comportements que nous subissons au quotidien…Nous ne partirons pas d'ici avant la satisfaction totale de nos revendications», a indiqué un porte-parole du mouvement lors d'un nouveau sit-in organisé, hier, devant le siège de la centrale syndicale Ugta. Un rassemblement qui se tient au même lieu pour la deuxième journée consécutive et qui risque de durer des jours tant que les deux parties campent sur leurs positions. La première, insistant notamment sur le départ du DG et des membres du bureau actuel du syndicat d'entreprise et la seconde (la direction générale), affirmant avoir tenu tous ses engagements et que ce n'est qu'une affaire de quelques jours pour leur application. L'augmentation de salaire de 2 250 DA sur le salaire de base sera effective à partir de la fin de ce mois de novembre, selon des propos du directeur général, ayant réagi le jour même aux accusations et à la protestation des travailleurs. Quoi qu'il en soit, cette augmentation est loin de satisfaire les concernés, même s'ils ne la rejettent pas, obligés de se satisfaire du peu, en attendant d'autres acquis. «Nous ne savons pas sur quelle base ils ont calculé cette augmentation. Nous nous attendions à plus. Au moins 18 000 DA le salaire de base…Certains, parmi nous, ne perçoivent pas plus de 9 000 DA comme salaire de base» a révélé le même représentant des travailleurs. Et ce dernier d'insister : «C'est une action de protestation et non pas une grève. Une grève se prépare, se décide suite à une assemblée générale du syndicat, suite à un préavis de grève et après des pourparlers avec la direction pour décider de son maintien ou de son annulation. Rien de tout cela n'a eu lieu parce que nous ne sommes pas un syndicat mais un collectif de travailleurs. Je suis un des porte-paroles de ce collectif et non pas un syndicaliste». «Aussi, nous ne reconnaissons pas le bureau actuel et nous appelons à sa démission. Nous revendiquons l'installation d'un bureau provisoire de syndicat d'entreprise, en attendant l'élection d'un nouveau. Des candidats ont déjà donné leurs noms pour cette élection». Autre point sur lequel ont insisté, hier, les travailleurs protestataires : la réintégration de leurs collègues licenciés. «Alors que nous nous attendions à la réintégration des travailleurs licenciés, des ordres ont été donnés pour en licencier d'autres pour des raisons pas du tout convaincantes. Le harcèlement continue au sein de l'entreprise. Pour preuve, des travailleurs ont été amenés à signer de nouveaux contrats, au lieu de la titularisation, par peur de perdre carrément leur travail». C'est ce «harcèlement» exercé contre certains manifestants ayant marqué la protestation du mois d'octobre dernier (celle-ci ayant duré trois jours mais a sérieusement perturbé le fonctionnement de toute l'entreprise) qui a déclenché la colère des travailleurs. «C'est bien stipulé dans le protocole d'accord que si un seul employé subit une quelconque forme de pression ou de harcèlement, ce sera le retour à la protestation. Nous revoilà donc ici!» lance le représentant des travailleurs en colère. K. M.