Les mesures de replâtrage prises jusque-là par l'Union européenne pour éviter que la situation en Grèce n'entraîne toute l'économie européenne vers le gouffre, ont atteint leur limite. La réunion marathon, de mardi dernier, visant à aboutir à un accord pour débloquer l'aide financière à la Grèce, à fait choux blanc. Les dirigeants de l'économie européenne se sont donnés rendez-vous, lundi prochain, dans l'espoir de trouver un compromis qui sauverait la Grèce et l'Union européenneLa Grèce patine dans son bourbier économique et l'Europe vacille sans pouvoir trouver son équilibre politique, nécessaire pour redresser la situation du pays le plus vulnérable de la zone euro. L'échec de la réunion de mardi dernier est révélateur du degré de méfiance de certains pays de l'Union européenne quant à la capacité de la Grèce de sortir de la zone rouge. Après plus de 11 heures de discussions, les principaux créanciers de la Grèce ont établi un constat d'échec. «Des progrès ont été faits, mais il en faut encore un peu plus» a déclaré la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde. «Les questions étaient si complexes que nous n'avons pas trouvé de solution définitive» a renchéri le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble. Dans un communiqué, l'Eurogroupe explique avoir «fait des progrès en mettant le doigt sur une série d'initiatives crédibles qui devraient considérablement aider à améliorer la soutenabilité de la dette» grecque, qui explose et devrait grimper jusqu'à 190% du PIB en 2014. Un niveau insoutenable. La réunion a été interrompue «de façon à ce que des travaux techniques puissent avoir lieu concernant certains éléments de ce paquet», selon ce communiqué qui annonce la tenue d'une nouvelle réunion des ministres des Finances de la zone euro, lundi prochain, à Bruxelles. Se disant «un peu déçu» par l'échec des négociations, leur chef de file, Jean-Claude Juncker, a estimé qu'un accord serait «possible, lundi». Les ministres étaient réunis une nouvelle fois pour se mettre d'accord sur le versement à la Grèce d'un prêt pouvant aller jusqu'à 44 milliards d'euros. Ils devaient, aussi, trouver un terrain d'entente avec les autres créanciers publics, en premier lieu le FMI, sur la façon de réduire la dette du pays et comment combler un trou de financement de la Grèce sans injecter de nouveaux fonds. Pour obtenir l'aide financière de ses créanciers, Athènes a dû adopter une nouvelle série de mesures d'austérité. Sur ce point, l'Eurogroupe a salué les mesures prises, tant dans le domaine de la consolidation budgétaire que des réformes structurelles ou des privatisations. «Ces efforts témoignent de l'engagement fort des autorités (grecques) en matière d'ajustement» indique le communiqué. Les ministres «ont fait l'éloge des efforts considérables réalisées par les autorités grecques et par les citoyens». Mais le point le plus sensible des discussions était la réduction de l'énorme dette grecque et le trou de financement de 32 milliards d'euros résultant des dérapages des deux premiers plans d'aide et du délai de deux ans dont devrait bénéficier le pays pour mener à bien son ajustement budgétaire. La semaine dernière, une divergence était apparue, publiquement, entre la patronne du FMI, Christine Lagarde, et M. Juncker, prêt à repousser de 2020 à 2022 l'échéance à laquelle la Grèce doit ramener sa dette à 120% du PIB. Une option que refuse catégoriquement le FMI. Concernant le trou de financement, les créanciers publics ne cessent de se renvoyer la balle et la zone euro exclut tout nouveau prêt ou un effacement de la dette, difficile à faire accepter par les opinions publiques. De nombreuses solutions sont à l'étude. Parmi elles, un abaissement des taux d'intérêt des prêts déjà consentis à la Grèce, un allongement des durées de remboursement ou un rachat par le pays d'une partie de sa dette à prix cassé. Des idées dont la «complexité dépasse l'entendement», a reconnu le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, en amont de la réunion. Les ministres ont, en revanche, avancé sur le renforcement du contrôle des sommes versées à la Grèce, comme le voulait Berlin. «Nous avons un meilleur mécanisme pour permettre que les engagements de la Grèce soient mis en place progressivement à l'avenir» a indiqué M. Schäuble.