Photo : Riad Par Samira Imadalou Retour à la case départ dès l'année prochaine pour l'école algérienne. Après la commission Benzaghou, dont le rapport a été mis aux oubliettes, une autre commission sera installée sous l'ère de Abdelatif Baba Ahmed, pour revoir la réforme version Benbouzid. Le système éducatif fera en effet, de nouveau, l'objet d'une évaluation et de correction, comme l'a annoncé le ministre, jeudi dernier, en marge d'une séance consacrée aux questions orales au Sénat. Baba Ahmed avait déjà annoncé la couleur en septembre dernier, au lendemain de son installation à la tête du département, en promettant des améliorations sans toutefois revoir complètement la réforme. Mais lors de sa dernière sortie, il a carrément parlé de «rattraper ce qui peut l'être». Une manière de relever l'échec des mesures appliquées dans ce secteur sensible. L'ampleur du travail à faire dans ce cadre se mesure d'ailleurs par la décision de mettre en place, début 2013, une commission ad hoc composée d'enseignants, d'inspecteurs de l'enseignement, d'universitaires et d'experts pour établir le diagnostic et redémarrer le chantier de la réforme. Le ministre l'a bien souligné : «Nous procédons avec prudence pour éviter que des erreurs ne soient commises de nouveau.» Deux mois plus tard, il avait clairement noté que la réforme devait faire l'objet d'une analyse approfondie et d'une évaluation objective, sans toutefois remettre en cause la réforme de Benbouzid. «Il serait difficile de pouvoir remettre en cause totalement une réforme qui a une existence d'environ une quinzaine d'années», avait-t-il relevé. Et voilà qu'aujourd'hui, on assiste à un changement de cap, alors que la réforme, telle qu'appliquée par l'ancien ministre de l'Education, a toujours fait l'objet de critiques sans qu'elle fasse l'objet d'une évaluation. Et pourtant, les preuves de l'échec de cette réforme n'ont fait que se multiplier depuis une dizaine d'années, en dépit de l'amélioration quantitative des résultats des examens de fin d'année, essentiellement le Bac. Déperdition des langues, baisse du niveau des élèves et des enseignants, surcharge des classes et des programmes et bien d'autres défaillances continuent de marquer l'école algérienne. Une école qui est loin d'avoir fait l'objet d'une refonte mais plutôt d'un bricolage, des points que devrait relever la commission que compte installer Baba Ahmed, à trois ans de la fin des réformes engagées sans prendre en considération les orientations de la commission Benzaghou, installée par le président de la République. «Le système éducatif continue à se baser sur les anciens schémas, en l'occurrence une vision bureaucratique et administrative au lieu d'une vision réaliste et scientifique», estiment à ce sujet les observateurs, pour qui le manque de concertation et de dialogue a engendré l'échec total de toutes les réformes du système éducatif. La décision de mettre en place une commission d'évaluation ne fait que remettre sur le tapis les interrogations sur le rapport de la commission Benzaghou, dont les recommandations visaient pourtant un changement radical dans le secteur, en réconciliant l'école avec l'analyse et la pédagogie.