Sous la loupe de l'ensemble de la société locale et bien entendu des formations politiques, notamment le FLN dont c'est le bastion inexpugnable depuis 1967, la mairie du Khroub a finalement basculé dans le giron du Front des forces socialistes (FFS). Une chute qui n'a pas été sans cultiver un paradoxe en vertu duquel il est ardu de déterminer s'il s'agit de la victoire d'un homme en l'occurrence le Pr. Aberkane ou d'un parti politique qui se découvre sensiblement une audience depuis les législatives du 10 mai passé. A moins que ce ne soit l'alchimie des deux et c'est certainement à ce raisonnement qu'il faudrait s'en tenir en ce sens que quelle qu'aurait été l'aura du candidat du Front, la présence effective mais ô combien anonyme du parti d'Aït Ahmed depuis le début de l'année 2000 n'est surtout pas à négliger en raison de la très forte présence d'une communauté kabyle dans l'important pôle socioéconomique qu'est la daïra du Khroub. La Tribune a régulièrement fait état d'un potentiel électorat en dormance lequel, à mesure que passaient les années, n'avait pas trouvé les raisons de s'impliquer d'autant plus qu'à chaque fois les dés paraissaient pipés au profit du FLN. En fait ce qui s'est passé au Khroub cette semaine n'est pas sans rappeler ce qui s'est passé en 2007 à Collo où le Front de libération nationale indétrônable depuis l'indépendance se voyait ravir la commune par le…RCD. C'est dire l'extraordinaire apparentement dans le basculement d'une ligne politique à une autre qui lui est totalement contraire même si, en le cas d'espèce, le FFS a des points de convergence politique avec le parti de Belkhadem et qu'à Collo il s'est plutôt agi d'un vote sanction.Au cours de la tournée que nous avons effectuée à partir de 20h dans les différents centres de la daïra les jeux paraissaient faits tant le nom du FFS était régulièrement cité. Il y a lieu de souligner quand même qu'il paraissait pour le moins improbable que le choix des électeurs ne soit en faveur du FFS dont les chances de remporter les élections étaient dans l'air du temps, mais le doute planait toutefois en raison de la campagne électorale très dynamique du RND. Une campagne entachée par une intempestive et inopportune décision de justice à quelques jours du scrutin et faisant état de la condamnation à la prison ferme du candidat tête de liste du Rassemblement. Du coup, dans les rangs du parti d'Ouyahia la manœuvre semblait plutôt grossière et rapidement imputée à des manœuvres du FFS dans le cadre de ce qui était dénoncé comme une réalité depuis que celui-ci (FFS) avait décidé de réinvestir la scène politique par une participation aux rendez-vous électoraux de 2012. En plus clair un deal avec le pouvoir et un renvoi d'ascenseur prévisible.Quoi qu'il en soit, avec 33% de suffrages favorables il reste entendu que le FFS a littéralement était plébiscité compte tenu du score réalisé par le Front de libération nationale (30%), un résultat confirme son réel ancrage au sein de l'électorat mais tout en confirmant les supputations qui ont commencé à circuler après l'annonce de la candidature du Pr. Aberkane sous les couleurs du FFS. En fait des supputations faisant état d'une saignée dans les rangs du FLN due à l'incontestable transhumance d'une partie dudit électorat vers la formation vainqueur.Le RND termine à la troisième place, une position habituelle depuis les élections de 1997 et somme toute logique. Celui-ci n'ayant jamais, en réalité, eu bon commerce auprès des Khroubis notamment après le coup de force tenté au cours de la même année (1997), et ayant consisté en une fraude de masse qui l'a très vite disqualifié au profit du FLN et surtout du Pr. Aberkane. La victoire du FFS est due à la forte participation au sein du chef-lieu de la commune dans la mesure où c'est plutôt le FLN qui aurait réalisé des résultats en forme de raz-de-marée à la nouvelle ville Ali Mendjeli et à Salah Derradji, un important bourg de la banlieue. Ce qui justifie son score, proche de celui du parti vainqueur. Morale de cette élection : les résultats du Khroub inaugurent une autre perception de la politique, celle qui traduit un choix réel bien loin des préfabrications habituelles annonciatrices d'élections dont le dénouement était connu d'avance. Même annoncée, la victoire du Pr. Aberkane, quoiqu'elle porte aux yeux de ses contradicteurs les stigmates d'une collusion avec le pouvoir, est particulière en ce sens qu'elle peut être tout aussi l'annonce d'une rupture définitive avec des pratiques anachroniques et avec ce qui s'est passé au Khroub les résultats dans le reste des circonscriptions de la wilaya deviennent dérisoires.