La relance tous azimuts prônée par Sellal en vue de l'impulsion d'une économie créatrice de richesse et d'emplois, moins dépendante des hydrocarbures, qui constituent plus de 97% des revenus en devises, repose sur un diagnostic qui définit clairement les freins au développement que constituent les lenteurs bureaucratiques, l'accès au financement, la corruption, la faiblesse ou le manque d'infrastructures, et l'absence de main-d'œuvre qualifiée. Des chantiers que le Premier ministre devra impérativement investir pour libérer l'économie nationale de toutes ces entraves et amorcer le décollage tant attendu. Pour les opérateurs économiques à Annaba, principalement ceux ayant contribué pour une large part aux exportations hors hydrocarbures, la méthode Sellal est bonne pour peu qu'elle se concrétise sur le terrain et que lesdites entraves soient levées. «Ce qui nous lie les mains et nous empêche d'aller de l'avant pour nous développer et créer encore plus d'emplois et augmenter nos exportations ce sont les lenteurs bureaucratiques auxquelles nous sommes confrontés», nous révèle un exportateur, qui ajoute que «parfois on est amené à penser arrêter carrément l'activité tant les exigences en matière de paperasses sont énormes et difficiles à satisfaire. Des déplacements inutiles et une perte de temps pour des documents alors que les administrations concernées peuvent se les transmettre facilement sans avoir à impliquer l'exportateur». D'autres nous diront que ce sont plutôt les importations qui font beaucoup de mal à l'économie locale et dont les conséquences se répercutent au niveau national, «des produits qui inondent le marché local et qui tuent la production nationale. Des marchandises qui arrivent par containers et par camions semi-remorques traversant les frontières terrestres et maritimes pour se déverser sur le marché local», nous a déclaré un conserveur de la région, cette même marchandise est vendue sur le marché informel à chaque coin de rue faisant de la concurrence déloyale aux produits locaux. De ce fait des dizaines d'entreprises ont fait faillite et fermé leurs portes mettant à la rue des centaines de travailleurs. Il n'y a qu'à voir ce qui s'est passé dans la filière tomate industrielle et les ravages causés par l'importation du triple concentré de tomate ou de la conserve, à partir de la Chine, de la Turquie ou d'Italie. Les ouvriers agricoles se sont retrouvés au chômage et c'est autant de postes de travail offerts sur un plateau d'argent de l'autre côté de la Méditerranée et en Asie. «Notre Premier ministre devrait s'occuper de cette filière pour mettre des garde-fous de sorte que l'importation vienne juste compenser le déficit. Des importations encadrées et bien contrôlées», estiment des opérateurs de la filière. De la sorte, on encouragera la production nationale, on sauvegardera l'emploi dans la filière qui, à l'époque, employait rien que dans la région (Annaba, Skikda, El Tarf et Guelma) 120 000 ouvriers et cadres. D'un autre côté, M. Sellal devrait créer un organisme spécialisé dans la filière tomate industrielle qui s'occuperait d'introduire les nouvelles techniques de culture et serait encadré par des ingénieurs agronomes, spécialisés, «ce qui permettrait à la filière tomate industrielle d'être plus performante de sorte qu'elle puisse arriver à satisfaire le marché intérieur et, peut-être, même aspirer à l'exportation». Pour le bâtiment et les travaux publics c'est surtout le manque de main-d'œuvre qualifiée qui pose problème, ce qui influe négativement sur les délais de réalisation et la qualité des constructions à livrer. «Trouver des maçons, des coffreurs, des ferrailleurs, des électriciens bâtiments, des plombiers est un vrai casse-tête. Nous sommes obligés parfois à aller les chercher dans d'autres régions et les ramener à Annaba, cela occasionne des dépenses supplémentaires et une perte de temps en plus du fait que ces ouvriers qualifiés demandent à être payés au prix fort parce qu'ils savent qu'on est tenus par des délais que nous sommes contraints de respecter», nous dit un entrepreneur. Ce déficit en ouvriers qualifiés est dû au fait que les centres de formation n'en forment pas assez parce que tout simplement les jeunes ne s'y intéressent pas. Ils sont beaucoup plus attirés par des formations administratives, telles que le secrétariat, la comptabilité, l'informatique ou d'autres métiers. Ils jugent que les professions ayant trait aux travaux sur chantiers sont salissantes et dégradantes. Là, le gouvernement devrait trouver des formules de sorte à encourager la formation à ces métiers du bâtiment en garantissant l'emploi après la formation, en instituant des primes ou autres.