L'Accord d'association Algérie-Union européenne, ratifié en 2002 et signé en 2005, prévoyait des volets d'échanges équilibrés, des facilitations d'entrée pour les produits algériens hors énergie et la création d'un fonds qui permettrait aux entreprises algériennes de bénéficier d'une mise à niveau et d'être plus tard compétitives sur le marché européen. Néanmoins, les gains de l'ouverture du marché algérien aux produits de l'Union européenne (UE) sont «loin d'être significatifs», estiment certains experts.Se référant aux statistiques des Douanes algériennes, ces experts indiquent que, de 2005 à 2011, les pays de l'UE ont exporté vers l'Algérie près de 100 milliards de dollars de biens et services, avec une moyenne annuelle de 20 milliards de dollars. S'agissant des exportations algériennes hors hydrocarbures vers le marché européen, elles n'ont pas atteint 5 milliards de dollars sur la même période. Afin d'équilibrer les échanges, l'Algérie a mené depuis 2010 des négociations avec l'UE, notamment sur la révision du calendrier des applications de l'accord. Après d'âpres discussions, l'Algérie a gagné une bataille en repoussant à 2020 la mise en place d'une zone de libre-échange entre les deux parties, alors que l'accord la prévoyait en 2017. L'Accord d'association, faut-t-il le rappeler, accorde aux deux parties la possibilité de geler de trois années l'application du démantèlement tarifaire si les échanges commerciaux sont déséquilibrés et profitent seulement à une seule partie.Le nouveau calendrier prévoit ainsi un report jusqu'en 2020 de la levée des barrières tarifaires pour une large gamme de produits industriels importés par notre pays. Dans son volet agricole, l'accord stipule «un réaménagement de certains contingents préférentiels de l'UE pour les produits agricoles, et produits agricoles transformés».Il s'agit de 36 contingents agricoles à l'importation en Algérie qui bénéficient de franchises douanières, qui seront désormais supprimés ou réaménagés.Certains experts ont évalué les pertes de l'Algérie, si le démantèlement tarifaire avait été maintenu, à 8,5 milliards de dollars entre 2010 et 2017. Mais depuis le gel du démantèlement, l'Algérie a pu réaliser un gain de 11,3 milliards de dinars (152 millions de dollars) en droits de douane depuis septembre 2010, selon une estimation des Douanes algériennes.Avec l'entrée en vigueur du nouveau schéma sur le démantèlement tarifaire, des études périodiques seront réalisées pour évaluer l'impact de l'accord d'association.«Ces études permettront de faire des évaluations et de solliciter la révision de telle ou telle règle conformément aux dispositions de défense commerciale contenues dans l'accord», a expliqué récemment. M. Saïd Djellab, directeur du suivi des accords de libre-échange au ministère du Commerce.Pour le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, le rythme du démantèlement prévu en 2017 a eu pour conséquence de consolider la part de l'UE dans le marché algérien sans pour autant aboutir à une véritable politique de partenariat qui est un des objectifs de l'accord. Mais de l'avis de certains opérateurs économiques intervenus lors d'une rencontre organisée, récemment, par le Care (Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise) sur les bénéfices possibles pour les entreprises algériennes des accords d'associations, il est primordial d'accélérer le processus des réformes administratives et économiques. Et ce afin de booster la coopération économique entre l'Algérie et l'Europe. B. A.