Plus d'un million de Congolais dans le Nord-Kivu, à l'est de la République démocratique du Congo, sont menacés par les attaques du Mouvement du 23 mars (M23), en négociations de paix à Kampala avec les autorités de Kinshasa, pendant que ses milices se repositionnent autour de Goma, la capitale de cette province, a alerté hier un rapport de l'ONG britannique Oxfam. «Les gens ont peur et beaucoup ont rassemblé leurs affaires en prévision d'une explosion de violence majeure», a déclaré Nicolas Vercken, d'Oxfam France, repris par Reuters. «Il existe désormais un vrai risque de guerre, qui vient s'ajouter à la violence quotidienne et aux exactions auxquelles fait face la population. Un tel conflit serait catastrophique pour la population congolaise, qui subit déjà le pillage, le viol et la torture de la part de plus de 25 groupes rebelles dans l'est de la RDC», a-t-il ajouté, précisant que «des millions de personnes sont prises au piège dans et autour de Goma, ainsi que dans d'autres villes de l'Est. Ces personnes n'ont pas de moyen d'échapper à ce qui pourrait devenir une confrontation sanglante et particulièrement brutale.» L'ONG britannique ne fait que confirmer les informations relayées par les médias congolais et les avertissements des membres de la société civile à Goma, qui avaient annoncé la semaine dernière un redéploiement du M23 autour de cette ville où des dizaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge dans les camps onusiens aux capacités d'accueil très limitées. Selon l'Organisation de la presse africaine, dans la ville de Masisi et ses environs, à 80 km au nord-ouest de Goma, une autre catastrophe est déjà en cours. Dans cette zone, rien qu'au cours du dernier mois, environ 250 000 personnes ont fui pour sauver leurs vies alors que les villages ont été brûlés et les camps de déplacés attaqués. Toujours selon Oxfam, les forces de la mission onusienne de maintien de la paix (Monusco) et les troupes régulières congolaises n'offrent aucune protection aux civils en cas de reprise des violences dans la région. Le M23 menace de reprendre les armes si les négociations de paix à Kampala échouent. Et les pourparlers à Kampala s'avèrent plus difficiles que prévu. Ce qui explique le redéploiement de ces rebelles autour de la ville de Goma, dont ils avaient pris le contrôle fin novembre dernier avant de se retirer après l'accord de Kinshasa d'engager des discussions de paix, sous la médiation ougandaise. Le chef des opérations de la Monusco a déclaré ainsi qu'il est «prêt à envoyer des renforts» en RDC en réaction justement aux derniers mouvements des rebelles dans le Nord-Kivu. La Monusco dispose de 17 000 casques bleus dans cette province mais ce nombre demeure insuffisant même s'il est associé à celui des troupes régulières congolaises. «La mission de maintien de la paix de l'ONU, la Monusco, dispose de bases sur ce territoire, mais les communautés indiquent qu'elles n'ont pas vu la mission patrouiller ces dernières semaines», a déclaré le responsable d'Oxfam, repris par les agences de presse. Par ailleurs, Washington vient de livrer un nouvel avertissement au Rwanda voisin, accusé de soutien financier, logistique et humain aux rebelles du M23, selon les différents rapports remis au Secrétaire général de l'ONU, Ban ki-Moon, qui a exhorté les pays des Grands Lacs à se solidariser contre les rebelles du M23 et les milices qui menacent durablement la stabilité de la région. L. M.