Des parlementaires algériens ont jugé "insuffisants" les propos du Président français François Hollande sur la question de la mémoire, lors de son discours jeudi à Alger devant les membres des deux chambres du Parlement, alors que d'autres les ont qualifiés de "satisfaisants". Pour le Front des forces socialistes (FFS), le discours de M. Hollande était "un pas positif" mais il demeurait "insuffisant" par rapport aux attentes du peuple algérien. "Le discours de M. Hollande est un pas positif mais il reste insuffisant, car il n'est pas allé assez loin, pour être à la mesure des attentes du peuple algérien pour reconnaître les souffrances du colonialisme", a indiqué le président du groupe parlementaire du FFS à l'Assemblée populaire nationale (APN), M. Ahmed Battatache. Pour lui, quand le pouvoir Français demande à la Turquie de reconnaître "les crimes" qu'elle avait commis contre les Arméniens, le peuple algérien est lui aussi dans son droit de demander à la France de reconnaître "non seulement ses crimes mais aussi des excuses". Pour l'Alliance de l'Algérie Verte (AAV, composé du MSP, d'El Islah et d'Ennahda), le président français a présenté "une partie de la vérité" sur la colonisation en Algérie, entretenant la confusion entre le "bourreau" et "la victime". "En évoquant l'Histoire, M. Hollande a donné une partie de la réalité sur une longue présence coloniale, entretenant la confusion entre le bourreau et la victime" a indiqué le président du groupe parlementaire de l'AAV à l'APN, M. Naamane Laouer. Pour lui, il fallait que le Président français reconnaîsse ce qui s'est passé dans l'histoire, en demandant au peuple algérien "concrètement" et "explicitement des excuses" pour "les affres" commis par la France durant les 132 ans de colonisation. Evoquant les essais nucléaires que la France avait effectué en Algérie, M. Laouer a indiqué que des personnes "mourraient toujours des effets de ses essais et des nouveaux-nés naissent avec des malformations". "Pour nous, il faut régler tous ces problèmes pour installer un climat de confiance entre les deux pays", a-t-il soutenu. Pour sa part, le Parti des travailleurs (PT), a estimé que le Président français a reconnu de manière "explicite" les crimes coloniaux, en évoquant la torture, les massacres notamment ceux du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata. "M. Hollande a reconnu explicitement les méfaits du colonialisme. C'est un point de rupture par rapport au discours redondant que l'on entendait jusque-là. ll a parlé d'une vérité, qu'il a chargée d'un contenu de reconnaissance et de la responsabilité de la France coloniale dans les crimes qu'elle avait commis en Algérie", a déclaré la députée et secrétaire générale du PT, Mme Louisa Hanoune. Pour Mme Hanoune, il restait, cependant, un "problème majeur", qui concerne la question du Sahel, notamment le Mali. "Si M. Hollande voulait vraiment gagner le cœur des Algériens et avoir des relations d'amitié, il renoncerait à toute intervention étrangère au Mali, parce qu'une intervention déstabiliserait toute la région du Sahel mais aussi d'abord l'Algérie", a-t-elle soutenu. De son côté, le Front de libération nationale (FLN), a exprimé sa "satisfaction", face à la reconnaissance "explicite" du Président Français des massacres et les tortures que la France avait infligé aux Algériens. "Nous ne pouvons qu'être satisfaits quand la France reconnaît, plus au moins, une partie de sa responsabilité dans la colonisation, et c'est un pas très important dans les relations entre les deux pays", a souligné le président de la commission des affaires étrangères et de la communauté algérienne à l'étranger et de la communauté (FLN), M. Belkacem Belabbès. Pour le Rassemblement national démocratique (RND), M. Hollande a reconnu "explicitement" les crimes de la France, en les qualifiant de "terribles" par rapport aux souffrances des Algériens. "Le discours de M. Hollande a été modéré et explicite, à propos de la présence coloniale en Algérie. Il a reconnu les crimes coloniaux de manière claire et qui ne souffre d'aucune ambiguïté", a indiqué le député et porte-parole du RND, M. Miloud Chorfi. Pour lui, il est temps de ne plus considérer l'Algérie comme un simple "marché lucratif" car, avec ses moyens, a-t-il dit, "elle est capable de construire un partenariat économique solide en les deux pays". Le président français a prononcé un discours devant les membres des deux chambres du Parlement algérien, au Palais des nations (Alger), au second jour de sa visite d'Etat en Algérie, en présence de plusieurs membres du gouvernement. Le premier jour de la visite de M. Hollande avait été marqué par une intense activité, au cours de laquelle il avait eu des entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika et animé une conférence de presse.