Photo : M. Hacène Par Smaïl Boughazi Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le président français, François Hollande, ont affiché, jeudi dernier, leur «ferme volonté» de booster le partenariat économique entre les deux pays. Les responsables des deux pays semblent décidés à aller plus loin dans le partenariat et passer à une autre étape. Si, pour Hollande, «un nouvel âge» commence entre l'Algérie et la France, Sellal préfère, lui, s'adresser aux opérateurs économiques, français en les invitant à venir investir. «La réalisation de ces objectifs stratégiques exige que la coopération entre nos deux pays s'inscrive dans la durée, qu'elle soit diversifiée et qu'elle s'implique dans tous les secteurs d'activités, sans aucune exclusive», a déclaré le Premier ministre devant un parterre de businessmen des deux rives. Sellal pense que les économies des deux pays peuvent être complémentaires puisque «la France souffre d'une crise de la demande tandis que l'Algérie souffre d'une offre insuffisante». Une situation qui arrangerait les entreprises des deux pays, estime-t-il. Mais le point crucial prôné par le chef du gouvernement est l'accompagnement des entreprises algériennes dans leur développement et dans la transition économique «urgente et indispensable» qu'entame l'Algérie. «Le partenariat avec la France est pour nous l'un des instruments d'accompagnement et de concrétisation de cette transition, à travers les sociétés mixtes, pour développer l'investissement, le partenariat, l'assistance technique, l'expertise etc.», a-t-il dit. Pour Sellal, l'Algérie a les moyens financiers et humains de réussir cette transition mais «l'expertise extérieure dans le domaine du management nous parait absolument nécessaire», soutient-il. Le chef de l'éxécutif ne fera pas néanmoins l'impasse sur le passif douloureux de l'économie algérienne : «Après avoir frôlé, à la fin des années 1980, la cessation de paiement et subi les dures conditionnalités du Fonds Monétaire international qui ont conduit à la fermeture de centaines d'entreprises publiques et privées et le licenciement de centaines de milliers d'employés et un chômage de prés de 35% , l'Algérie de 2012 présente, désormais, un nouveau visage», déclare-t-il devant les patrons. Une manière de faire des fondamentaux «au vert» de l'économie du pays, un atout pour l'attraction des investissements étrangers. Un retournement qui a permis à l'Algérie de faire des avancées mais aussi de permettre la réalisation de grands projets. «Nous bénéficions, déjà, d'expériences réussies de partenariat dans de nombreux domaines avec des entreprises françaises de grande dimension : Alstom, Ratp, Aéroports de Paris, GDF Suez, Total, Sanofi, etc. D'autres partenariats viennent d'être conclus, notamment avec Renault, ou sont en voie de l'être», détaille le Premier ministre. Et, mieux encore, il promet des actions à l'avenir. «Nous nous attachons à améliorer le climat des affaires en prenant les mesures nécessaires de nature à lever les obstacles qui entravent, retardent ou rendent complexe l'acte d'investissement. Nous veillerons, également, à inscrire dans la durée la stabilité juridique pour une meilleure sécurité des investissements», s'est engagé Sellal. Hollande : «Nous devons aller, encore, plus loin» Le chef d'Etat français, dans son allocution, évoquera, lui, également, les difficultés que rencontrent les entreprises françaises en Algérie. Pour l'investissement, « il y a ce qui relève des autorités algériennes. Il ne m'appartient pas ici de juger ou de conseiller mais nous avons suffisamment de confiance entre nous pour savoir ce qu'attendent les entreprises en Algérie : une simplification (des procédures), une moindre réglementation et surtout une grande rapidité dans le traitement des dossiers de l'investissement», a-t-il déclaré. Néanmoins, il juge que l'amélioration du climat des affaires ne signifie nullement un accès facile des entreprises françaises au marché algérien. Elles doivent, par contre, s'imposer par leur compétitivité», dit-il. Hollande parlera aussi de complémentarité et du cadre macroéconomique de l'Algérie qui se présente sous une nouvelle situation, même sur le plan économique. Un cadre qui permettrait même au pays de «prétendre à des responsabilités sur le plan international», rappelant dans ce sens la décision de l'Algérie à accorder un prêt de 5 milliards de dollars, qualifié par le président français de «retournement de l'histoire», après l'ajustement structurel subi dans les années 1990. Il promet, d'ailleurs, d'aider l'Algérie dans son processus d'adhésion à l'OMC. Hollande, qui citera ce cadre macroéconomique, a invité les entreprises françaises à diversifier leurs affaires pour ne pas rester cantonnées dans les traditionnels secteurs du Btph, des services, et de l'agroalimentaire. «Nous devons encore élargir notre gamme. Je suis fier quand j'entends le président Bouteflika parler du métro d'Alger ou du secteur de l'eau et de l'assainissement», où les entreprises françaises ont réalisé des progrès «mais je serais encore plus fier si des entreprises algériennes participaient à notre croissance et développement en France», a-t-il conclu. S. B.
Des accords dans l'agroalimentaire et l'industrie pharmaceutique Quatre accords de partenariat ont été signés, jeudi dernier à Alger, entre des entreprises algériennes et françaises dans plusieurs secteurs d'activités, notamment l'industrie pharmaceutique, les équipements médicaux et l'agroalimentaire, en marge d'une rencontre d'affaires algéro-française. Il s'agit de la signature de l'acte de concession d'un terrain au profit de Sanofi Aventis pour la construction d'une usine de médicaments à Sidi Abdellah, d'un coût estimé à 70 millions d'euros. Dotée d'une capacité de production de 100 millions de boites/an de médicaments de forme sèche et liquide, cette usine sera le plus grand complexe pharmaceutique du laboratoire français dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). Elle entrera en production d'ici trois ans et devra employer, dans un premier temps, 170 personnes pour atteindre 700 employés, à terme. Un autre accord entre le groupe Hasnaoui et Meda Système a été signé pour la création d'une entreprises mixte (Meda Système Algérie), qui aura pour tâche de développer des solutions de production de soins dans les hôpitaux. Un autre accord dans le domaine médical a été signé entre l'entreprise française Surgical et un partenaire algérien pour la fabrication de sutures chirurgicales. Dans l'agroalimentaire, l'entreprise Biaugeaud a paraphé un accord avec un partenaire algérien pour la production de confiture en mini doses. A signaler que ces partenariats ont été créés dans le cadre de la règle 49/51 %.