Le comité national des professeurs des lycées techniques (Plt) appelle le ministère de l'Education nationale à répondre aux revendications socioprofessionnelles de ce corps en décomposition. Après deux journées d'étude, organisées les 25 et 26 décembre 2012, au niveau du siège du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), qui ont regroupé des représentants des PLT issus de 25 wilayas, le comité naissant a organisé une conférence de presse pour faire valoir ses revendications. Refusant de se présenter sous aucune bannière syndicale, les membres du comité informent avoir transmis un dossier complet de 30 feuilles sur les «injustices» subies par les Plt et la façon de les réparer, au ministère de l'Education nationale. «Nous avons présenté un dossier bien ficelé et préparé. On a eu des échos favorables du chef de cabinet du ministre, qui s'est dit prêt à ouvrir le dossier», assure Bey Azzedine, professeur en génie civil, chargé de cours d'informatique et coordinateur du comité des Plt. En termes de revendications, le comité, qui s'attelle à effectuer un travail de sensibilisation auprès des 800 Plt, demande la révision «du statut particulier de cette catégorie professoral, en vue de régulariser sa situation et ce en l'intégrant dans le corps des professeurs de l'enseignement secondaire (PES)», note un communiqué du comité. «Il faut savoir que la plupart des Ptlt arrivent en âge de retraite. Ils ont repris le flambeau de l'enseignement technique après le départ des coopérants étrangers en 1984. C'était un défi. Nous avons patienté longtemps et avec espoir. Mais chaque statut particulier promulgué était un problème pour nous. Celui de 1990 ou de 2008, n'ont fait que nous enfoncer davantage», dénonce Azzedine Bey. «Nous avons rassemblé les dossiers particuliers de plusieurs Plt. On a constaté qu'ils assurent les mêmes fonctions que le PES. Mais un Ptlt peut passer sa carrière professionnelle classé à la 11, alors qu'un PES figure à la 13 et peut évoluer à la 16», poursuit-il. «Le Plt est privé de promotion, aussi bien administrative que pédagogique, et ce durant tout son parcours professionnel qui s'étale sur plus de 20 ans», est-il noté dans le communiqué. Abada Abdelhak, un autre membre du comité s'interroge : «Nous avons étudié tous les textes relatifs à notre catégorie professionnelle et avons relevé plus de 30 articles en notre faveur, y compris pour le droit à la promotion. Pourquoi cela n'a jamais été appliqué ?» Les participants à la conférence de presse assurent que la nouvelle réforme de l'éducation, entreprise dès 2003, et dont les règles légales sont portées dans la loi 315-08, on donné aux Plt les mêmes fonctions que les PES mais pas les mêmes droits. Mais au-delà de ces revendications socioprofessionnelles, ces professeurs de l'enseignement technique soulèvent la problématique de la suppression des lycées techniques et technicums, qu'ils qualifient d'erreur stratégique. «On est en train de dispenser des cours techniques au rabais. Alors qu'avant (la réforme) les élèves bénéficiaient de 30 heures d'enseignement technique par semaine, aujourd'hui ils en sont à 4h. En France ce volume horaire est de 12h/semaine. Le gros problème des pouvoirs publics n'était pas de fermer les 340 établissements techniques, mais bien comment ventiler les 5 000 Plt à travers les 2 200 lycées», regrette Rouani Djamel, secrétaire national chargé de la formation et des relations du Snapest. «A l'heure où on dénonce l'absence de main-d'œuvre qualifiée on a fermé les technicums ?!», s'interroge le professeur de génie civil. «Dans les années 1980, il y avait une véritable vision stratégique et futuriste positive, qui s'est révélée à travers l'importance accordée à l'enseignement technique. Les bacheliers du technique avaient le rang de TS, prêts à entrer dans le monde du travail. Des établissements scolaires signaient même des contrats de prestations avec les communes. Aujourd'hui, des Chinois proposent de créer une école pour former des géomètres ! C'est une aberration», dénonce A. Bey. Djamel Rouani, pense plutôt au matériel chèrement acquis et entassé dans des ateliers, désormais fermés. «Ce sont des machines, parfois dotées de systèmes numériques, qui vont finir par être vendues au kilogramme», alerte-t-il. Mais le plus redoutable dans cette polémique de Plt, c'est qu'une génération de professeurs du technique risque de disparaître. Ce qui est une perte incommensurable. On peut acquérir des matériaux, des moyens de formation. On peut aussi promulguer autant de réformes de l'Education que possible au gré des ministres qui passent. Mais comment faire quand on perd un potentiel de savoir et de compétence qui a mis une vingtaine d'année à être acquis ? S. A.