Le tiers de l'équipe gouvernementale de Hicham Qandil a été remanié hier. Un remaniement qui aurait pour motivation majeure une prise en charge sérieuse de la crise économique qui secoue l'Egypte depuis la chute de Moubarek et le rétrécissement des revenus touristiques du pays. En proie à un déficit budgétaire, croissant et à une chute de la monnaie nationale (La livre égyptienne), l'Egypte fait aussi face, depuis deux ans, à un effondrement des investissements étrangers. La Banque centrale a, quant à elle, vu ses réserves de change fondre de 36 à 15 milliards de dollars, un niveau qu'elle a jugé «critique», la semaine dernière. Les autorités ont, depuis, instauré des mesures pour limiter les sorties de devises. Le président égyptien, Mohamed Morsi, a donc procédé à l'installation de dix nouveaux ministres, à la veille de la reprise des négociations pour une autre aide du Fonds monétaire international, jugée cruciale mais à hauts risques sociaux. Le ministre des Finances, Momtaz al-Saïd, homme-clé des discussions avec le FMI pour un prêt de 4,8 milliards de dollars, est remplacé par El-Morsi El-Sayed Hegazy, un universitaire spécialiste des finances islamiques, réputé proche des Frères musulmans dont est issu le président. M. Saïd avait été critiqué, ces derniers jours, par des responsables des Frères musulmans qui le jugeaient trop proche des ex-dirigeants militaires ayant tenu le pouvoir pendant près d'un an et demi après la chute de Hosni Moubarak, en février 2011. Le portefeuille de l'Intérieur revient au général de police, Mohamed Ibrahim, qui était, jusqu'ici, l'un des adjoints du ministre sortant, Ahmed Gamaleddine, chargé de l'administration pénitentiaire. Selon certains journaux, M. Gamaleddine paierait un manque de fermeté face aux troubles qui ont accompagné, en décembre le référendum sur une nouvelle Constitution, au cours desquels des locaux des Frères musulmans ont été attaqués. Huit ministères techniques, presque tous à dominance économique, changent, aussi, de mains : les Transports, l'Electricité, le Développement régional, l'Aviation civile, l'Environnement, les Approvisionnements, les Communications et les Affaires parlementaires. M. Morsi avait annoncé ce remaniement le 26 décembre, dans la foulée de l'adoption de la Constitution, expliquant qu'il souhaitait un gouvernement mieux à même d'affronter la crise économique que traverse le pays. Le nouveau ministre des Finances devra s'atteler, sans délai, à la reprise des discussions avec le FMI pour un prêt de 4,8 milliards de dollars, qui avaient fait l'objet d'un pré-accord, en novembre, mais avaient été suspendues courant décembre en raison des tensions politiques en Egypte. Le Caire a, depuis, demandé à relancer rapidement ce dossier et le FMI a annoncé la venue, aujourd'hui en Egypte, de son responsable pour le Moyen-Orient, Masood Ahmed. Ce dernier doit discuter «des difficultés» économiques du pays et d'un «possible soutien», a indiqué le Fonds dans un communiqué. Le prêt du FMI est jugé décisif pour rétablir la confiance dans l'économie égyptienne, débloquer d'autres soutiens internationaux et aider le pays à redresser ses comptes. R. I.