Le Centre culturel français d'Alger a accueilli, dimanche dernier, la troupe de la compagnie Parallèle qui a présenté au public la pièce théâtrale En remontant le Niger. L'œuvre, mise en scène par Maria Zachenska, est une adaptation du roman éponyme de l'auteur algérien Arezki Mellal, lauréat du prix du roman maghrébin de Montpellier en 2006. Sur scène on retrouve Isabelle (Chantal Trichet), une parisienne riche et insouciante avec à ses côtés son fils (Jacques Allaire), un jeune opportuniste endetté jusqu'au cou. Moussa Criss Niangouna, comédien malien, est un guide nigérien qui se retrouve mêlé malgré lui à un drame familial. Roulements de tambour, lever de rideau. Isabelle et son fils sont au Niger pour un séjour touristique. Très contente de son périple, la mère assomme son fils de son enthousiasme, un enthousiasme qui, en fait, cache le véritable objectif du voyage : Isabelle veut acquérir les services de sorciers africains pour guérir son fils alors que lui n'a qu'une idée en tête, se débarrasser de sa mère pour hériter de sa fortune et pouvoir en disposer librement afin de renflouer son commerce surendetté. Moussa, surnommé Lustucru à cause de son français approximatif qu'il a acquis dans une école de la brousse nigérienne, est guide de l'hôtel où sont descendus Isabelle et son fils, au service desquels il se met. Bien vite, il découvrira les sombres desseins des deux Parisiens. En leur faisant découvrir son Afrique minée par la misère, les maladies ainsi que les fléaux sociaux, et déchirée par les conflits locaux, Moussa espère leur faire voir, par contraste, qu'ils vivent une situation plus qu'enviable et qu'ils ne devraient pas s'abaisser à des pratiques aussi mesquines. Mais il n'y a pire aveugle que celui qui ne veut rien voir. Et le fils n'a d'yeux que pour les opportunités qu'offrent les guerres intestines. Il s'embarque dans un trafic d'armes et va négocier avec le chef d'une tribu qui se prépare à attaquer une autre rivale. Mais, si le fils reste imperméable aux messages sibyllins qu'essaye de lui faire parvenir Moussa, et n'a en tête que la conclusion de la plus juteuse et «sale» affaire de sa vie, il en est tout autrement de sa mère, qui, elle, touchée par le drame de l'Afrique, tente d'apporter un grain d'espoir à la population. Moussa l'en dissuadera en invoquant le passé douloureux de son peuple plein de désillusions, de déconvenues et de promesses jamais tenues. W. S.