Le Centre culturel français d'Alger a reçu le théâtre Tarmac de La Villette de Paris, pour deux représentations consécutives, de la pièce En remontant le Niger, une adaptation du texte éponyme d'Arezki Mellal. Interprété avec brio par les comédiens Jacques Allaire, Criss Niangouna (lire entretien ci-dessus) et Chantal Trichet, et mise en scène par Maria Zachenska, celle-ci a proposé une vision “grotesque”, développant ainsi les principes de la répétition et la redondance. “Ce texte est une comédie. C'est même plus que cela, c'est une farce grotesque qui demande un style de jeu particulier qui pourrait faire passer toutes les horreurs qu'on déverse, ces grossièretés et qu'en même temps, on arrive à raconter une histoire”, explique Maria Zachenska En remontant le Niger, c'est l'histoire de deux Occidentaux, une mère et son fils, qui se rendent en Afrique avec beaucoup d'appréhensions et une méconnaissance de ces territoires et des gens qui les peuplent. Ils embauchent Moussa, qu'ils surnomment “Lustucru”, pour faire le guide. Les deux mondes, à savoir l'Afrique et l'Occident, se choquent à la rencontre des trois protagonistes qui les représentent. En plus de la problématique épineuse du racisme, parfois maquillée en incompréhension, En remontant le Niger effleure et survole plusieurs thèmes relatifs à l'absence de dialogue entre les deux cultures. La pièce est un cri de l'Afrique qui n'en peut plus de l'injustice, de la subalternité et de l'oppression. Présent lors de la représentation, Arezki Mellal soutient le travail de la metteuse en scène : “J'ai aimé le spectacle. J'étais à l'affût des spectateurs, d'autant plus que je suis un peu pionnier dans ce théâtre, mais ça a marché, je pense. Par ailleurs, la pièce ne traite pas que du racisme. Il y a d'autres thèmes aussi importants comme l'Afrique prise d'assaut par les islamistes, les évangélistes, les trafiquants d'armes, etc. Je pense plutôt que c'est des attitudes d'anciennes colonies, des préjugés d'anciens maîtres de l'Afrique. Ils sont chez eux, ils font ce qu'ils veulent et ils achètent ce qu'ils veulent.” S. K.