A l'origine il était graphiste, maquettiste, éditeur de livres d'art, scénariste de BD, mais seulement voilà ….Après les bouleversements qu'à connus l'Algérie, Arezki Mellal qui dit avoir "toujours écrit" s'est mis à l'écriture en publiant son tout premier roman, "Maintenant ils peuvent venir" -éditions Barzakh, Alger, septembre 2000, éditions Actes Sud, mars 2002-, un roman qui a été d'ailleurs adapté sur scène par Paul Desveaux, assisté d'Irène Afker et du chorégraphe Yano Iatridès. " J'aurais pu ne jamais écrire. Non, j'ai toujours écrit, mais sans publier, et j'aurais pu ne jamais publier… je crois que c'est la situation, il a fallu qu'on en arrive là pour me décider, non seulement à éditer mais à écrire plus que ce que j'écrivais. C'est terrible que la littérature demande parfois je ne sais quelle plongée dans l'horreur, dans l'indicible. " avait -il soutenu après savoir exploré l'univers littéraire. Arezki Mellal revient sur le devant de l'actualité avec " En remontant le Niger ", une adaptation théâtrale de son roman éponyme - Actes Sud, novembre 2006- présenté le 17 et le 18 novembre dernier au centre culturel français d'Alger et 13 novembre 2008 au Théâtre régional d'Oran. Mise en scène par Maria Zachenska avec Jacques Allaire, Criss Niangouna, Chantal Trichet, cette pièce revient surtout sur les thèmes toujours d'actualité comme l'identité ou encore les origines. Ils ne sont pas deux innocents touristes parisiens qui remontent le Niger. Ils mettent la main sur Moussa le guide qu'ils appelleront Lustucru parce que c'est sa faute : on ne parle pas dans la brousse à l'imparfait du subjonctif ! Au cours de ce voyage, le plan secret de la mère est de guérir son fils par un tour de magie des sorciers à plumes comme on en voit à la télé et dans les magazines. Chemin faisant, il faudra qu'elle passe du bon temps avec un beau noir, le guide par exemple. Le plan secret du fils est de se débarrasser de la vieille rombière pour hériter vite, très vite. Pour cela et, chemin faisant, il faudra soudoyer un noir, le guide par exemple. Lustucru le guide trimballera une femme à la fois farfelue et fantasque et un homme sans état d'âme dans une Afrique malmenée par la misère et la faim, par la dictature et la corruption, par les guerres ethniques et les guerres de religion, par les visées des frères du désert et des frères d'Amérique, voire par des interventions humanitaires. C'est dans ce plat que les touristes mettront les pieds. La mère piétinera le tout allègrement et innocemment à travers des péripéties qui relèvent du dessin animé loufoque et cruel. Cette Afrique ravagée qui " n'a pas besoin de bouffe mais d'armes " est du pain béni pour le fils qui va vendre des mines antipersonnel pourries. Qu'importe si son client est un soldat de treize ans et demi, qu'importe s'il lui faut épouser une horrible créature, et, Paris valant bien une messe, qu'importe s'il faudra passer par les couteaux et affûtoirs de la circoncision. Mais, pour notre intrigant sans scrupules et sa pathétique maman, Moussa le guide ne servira ni d'exutoire à l'un ni d'exécutant à l'autre. Très habilement et très gentiment indocile, il les mènera vers une fin imprévue où tel est pris qui croyait prendre. Car, voyez vous, l'eusses-tu cru n'est pas l'imparfait du subjonctif mais le plus que parfait du subjonctif, même dans la brousse ! Pièce pour une femme, deux hommes et trois voix, “En remontant le Niger” a précédemment été donnée en lecture, par Claude Bernard Pérot, aux 22èmes Francophonies en Limousin (octobre 2005), puis au Théâtre du Rond-Point à Paris (novembre 2005). Né en 1949 à Alger, Arezki Mellal vit et travaille à la capitale.