Lors de la présentation des vœux pour 2013, Angela Mekel ne pouvait annoncer de bonnes nouvelles à ses concitoyens. Pourtant, l'économie allemande résiste mieux aux effets de la crise de la zone euro et du marasme de l'économie mondiale qui risque de s'aggraver en 2013. Elle estime que la crise de l'euro est «loin d'être surmontée». «L'environnement économique ne sera pas plus facile, mais plus difficile l'an prochain.» Dans son allocution pour la nouvelle année, Merkel écarte tout espoir d'une sortie du tunnel en 2013. Elle appelle même ses concitoyens à la «patience» et au «courage» pour affronter la crise. «Cela ne doit pas nous décourager, mais au contraire nous stimuler», juge toutefois la dirigeante de la première économie européenne. Alors que François Hollande affichait son optimisme lors du dernier sommet européen à Bruxelles, mi-décembre, en affirmant que «la crise de l'euro est derrière nous», Angela Merkel le contredit sans détour. «Les réformes que nous avons décidées (en Europe) commencent à produire leurs effets. Mais nous avons encore besoin de beaucoup de patience. La crise est encore loin d'être surmontée», estime la chancelière. Au passage, elle prend aussi le contre-pied son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, qui estimait dans un entretien au magazine Bild que «le pire est passé». Ce discours prudent, voire pessimiste, vient pourtant de la responsable d'un pays mieux loti que les autres pays de la zone euro. L'Allemagne qui bénéficie, en effet, d'une conjoncture meilleure que la plupart de ses partenaires européens, commence à se laisser gagner par la morosité ambiante. Le pays a ainsi enregistré une croissance de son produit intérieur brut (PIB) de 0,2% au troisième trimestre, après +0,3% au deuxième trimestre et +0,5% au premier. La Bundesbank a d'ailleurs révisé à la baisse, début décembre, ses prévisions de croissance en 2012 et 2013. La Banque centrale anticipe une hausse de 0,7% du PIB pour 2012, contre 1% précédemment, et une progression de seulement 0,4% pour 2013, contre 1,6% jusqu'à présent. Elle prévoit toutefois un retour à une croissance plus soutenue en 2014. Dans ce contexte, Angela Merkel -qui cherchera à obtenir un troisième mandat lors des élections de septembre- s'est tout de même félicitée de la chute du chômage, au plus bas depuis la réunification. L'espoir allemand d'un rebond en 2014 est partagé par l'Espagne, à nouveau engluée dans la récession depuis fin 2011. Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a déclaré la semaine dernière qu'il s'attendait à une année 2013 «très difficile» pour son pays, mais a affirmé espérer que la situation économique s'améliorera au second semestre. «Nous devons poursuivre les réformes que nous avons engagées», a-t-il déclaré à la sortie du dernier Conseil des ministres de 2012. Frappée par un taux de chômage record de 25%, secouée par le sauvetage de ses banques trop exposées au secteur immobilier sinistré, l'Espagne a été fortement chahutée sur les marchés cette année. «Austérité et réformes sont les deux ingrédients d'une politique dont l'unique objectif est de retrouver la croissance pour pouvoir créer des emplois le plus vite possible», selon Mariano Rajoy. Une recette qui finira par porter ses fruits, assurent certains économistes. Jacques Attali, le président de la fondation PlaNet, a estimé la semaine dernière que les années 2014 et 2015 pourraient être «de bonnes années» sur le plan économique. L'expert prévoit ainsi que «la crise économique aux Etats-Unis va s'estomper», que «la Chine va redémarrer» et que «l'Europe va recevoir les fruits de ses énormes réformes».