La crise politico-sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC) se complique de jour en jour. Des voix font de plus en plus entendre leur refus de cautionner la démarche du président Joseph Kabila pour stabiliser la province du Nord-Kivu, en proie à une rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) depuis avril 2012. Même si les affrontements armés ont cessé depuis décembre pour laisser place aux pourparlers de paix, sous la médiation de Kampala, la situation sécuritaire n'a rien de reluisant dans le Nord-Kivu, où d'autres groupes rebelles continuent de sévir. Sur le plan politique, estimant que le gouvernement de Kinshasa a satisfait la demande du M23, qui consiste en l'application des accords de paix du 23 mars 2009, d'où l'appellation de ce mouvement rebelle, la société civile et une partie de l'opposition politique ne voient pas l'utilité d'engager un dialogue national entre le gouvernement et l'ensemble des partenaires politiques et civils en RDC. Un des principaux partis politiques du pays, l'Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), d'Etienne Tshisekedi, est le premier à manifester son rejet de participer à ces discussions, promises par le président Joseph Kabila lors de son discours à la Nation à l'occasion des fêtes du Nouvel an. «L'Udps n'ira jamais dans un dialogue ou des négociations pour partager le pouvoir parce que le peuple souverain avait déjà fait son choix. Nous ne pouvons pas répondre déjà sur le principe de la forme. Qui convoque ces concertations ? C'est Monsieur Kabila, déjà dans cette forme là, nous ne sommes pas d'accord», a affirmé Bruno Mavungu, secrétaire général de ce parti, a rapporté Radio Okapi, un média onusien pour la promotion du dialogue et de la paix dans la région des Grands-Lacs. «Nous leur disons que l'Udps n'est pas partisane», a ajouté M. Mavungu. «Il y a des amis qui se disent de l'opposition qui ont demandé de rencontrer le président de la République élu, Etienne Tshisekedi. Nous avons répondu que le président n'était pas disposé à les recevoir pour parler de ce problème de dialogue», a ajouté Bruno Mavungu. Emboîtant le pas à l'Upds, l'Union pour la nation congolaise (UNC) a carrément remis en cause la légitimité des initiateurs des consultations engagées par le gouvernement en vue d'entamer le dialogue national. «Si les consultations que Boshab [le secrétaire général du Pprd] a commencé à faire et qui ont avorté et celles de Minaku [le secrétaire général de la MP] qui constituent déjà un mort-né, c'est ça le contenu de l'initiative du président Kabila, je dis que nous regrettons beaucoup. Ce n'est pas comme ça qu'il faut voir les choses», a déclaré Vital Kamerhe, président de l'UNC. De son côté, s'affichant plus conciliant, le parti Orange a demandé à Kabila de mettre d'abord en place un bureau qui aura pour mission la préparation du dialogue national, au lieu de laisser l'initiative à son entourage qui ne fait pas consensus au sein de la société civile et des partisans du dialogue au sein de l'opposition. «Il revient au chef de l'Etat, qui a annoncé ce forum national, de mettre en place une structure ou de confier le mandat aux institutions en place pour initier les travaux préparatoires de ce dialogue national», a expliqué Fiyou Ndondoboni, président d'Orange qui a ouvertement dénoncé les agissements des leaders du Pprd et de la MP. Par ailleurs, Gustave Bagayamukwe Tadji, le chef des Forces révolutionnaires du Congo, une coalition de groupuscules rebelles créée en janvier dernier dans la province du Sud-Kivu et dont l'objectif était de renverser le président de la RDC, a été arrêté par les forces de sécurité à Uvira, ont rapporté les médias congolais. À noter qu'une force internationale neutre doit être déployée entre la RDC et le Rwanda pour combattre ces groupes armés. En attendant, la population du Nord-Kivu vit une situation des plus dramatiques qui ne semble pas inquiéter une communauté internationale préoccupée par d'autres questions moins importantes que celle de la RDC. L. M.