Selon ces chiffres disponibles, le président sortant Joseph Kabila confirme son avance (46,4%) et précède de près de 1,3 million de voix l'opposant Etienne Tshisekedi (36,2%), lequel rejette ce décompte. Forces de police plus visibles, population inquiète, expatriés et Congolais fuyant à Brazzaville: la RD Congo et particulièrement sa capitale Kinshasa vivent dans la crainte de violences à la veille de l'annonce des résultats complets de la présidentielle du 28 novembre. Le décompte total provisoire pouvait cependant ne pas être donné dans la soirée d'hier par la Commission électorale (Céni). «Nous allons d'abord nous assurer que tous les procès-verbaux sont arrivés et que nous avons toutes les informations. Sinon, on ne pourra vous donner qu'un rapport partiel», a prévenu peu avant minuit (23H00 GMT) lundi dernier le président de la Céni, le pasteur Daniel Mulunda, en présentant à la presse les derniers résultats partiels sur près de deux tiers des bureaux de vote. Selon ces chiffres, le président sortant Joseph Kabila confirme son avance (46,4%) et précède de près de 1,3 million de voix l'opposant Etienne Tshisekedi (36,2%), lequel rejette ce décompte. Comme pour dénouer la tension qui monte dans le pays avant l'annonce des résultats complets, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a exhorté les Congolais au calme: «Demain le jour se lève, Congolais soyez tranquilles», a-t-il déclaré à la Télévision nationale (RTNC) dans la soirée. «La police a pris ses dispositions en déployant toutes ses unités, en leur donnant l'équipement spécifique pour maintenir l'ordre public et le rétablir au cas où il y aurait des troubles», a assuré de son côté le chef de la police, le général Charles Bisengimana à la RTNC. Dans le quartier résidentiel de la Gombe, où se trouvent le palais présidentiel et des ambassades, la Garde républicaine (ex-garde présidentielle), était plus présente lundi. Quelque 20.000 militaires, selon une source militaire occidentale, sont déployés dans la capitale où la majorité de la population vit dans une grande pauvreté et dénuement. Redoutant des violences, quelques milliers d'expatriés et de Congolais vivant à Kinshasa ont traversé ce week-end le fleuve Congo pour rallier Brazzaville, la capitale du Congo voisin située juste en face. Lundi le flux a fléchi avec seulement une centaine de personnes. De son côté, l'ONG International Crisis Group a émis un bulletin d'alerte pour la RDC en la classant dans la catégorie «risque de conflit». Organisées de façon chaotique, les élections ont été émaillées de violences, entachées d'irrégularités et avec des soupçons de fraudes. Selon les résultats partiels de la Céni, Kabila mène dans 6 provinces (Bandundu, Katanga, Maniema, Province orientale, Nord et Sud Kivu), Tshisekedi dans 4 autres (Bas Congo, Kasaï Occidental et Oriental, et Kinshasa). Etonnemment, pour le Katanga, le Maniema et la Province Orientale, les chiffres livrés lundi soir sont identiques à ceux donnés dimanche dernier. Si les résultats complets confirment la tendance, l'opposition devrait les considérer comme «nuls», comme elle l'a fait dès la publication des premiers chiffres. «L'Udps (Union pour la démocratie et le progrès social, le parti de Tshisekedi) met en garde M. Ngoy Mulunda et (le président) Kabila pour qu'ils respectent la volonté du peuple», indiquait le chef de l'Udps, ajoutant qu' «en cas de besoin» il lancerait un «mot d'ordre», sans plus de précisions. Lundi, des diplomates en poste à Kinshasa, dont l'ambassadeur de Russie, qui préside actuellement le Conseil de sécurité, ont rencontré le président Kabila. Ils se sont entretenus ensuite avec Etienne Tshisekedi, puis Vital Kamerhe, autres candidats de l'opposition, selon une source diplomatique. Les entretiens ont notamment porté sur un report éventuel de quelques jours des résultats complets de la présidentielle.