À la veille de la signature d'un accord-cadre sur la paix, prévue pour aujourd'hui au siège de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Ethiopie, l'Organisation des Nations unies a averti contre le risque d'une reprise du conflit armé dans le Nord-Kivu où il règne un climat d'instabilité malgré l'arrêt des violences par le Mouvement du 23 mars (M23) début décembre dernier. La situation continue en fait de se dégrader dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré Roger Meece, l'envoyé spécial de l'ONU dans ce pays, en proie à une instabilité politico-sécuritaire depuis la mi-avril 2012. Roger Meece a prévenu en fait que la situation continuait à «se détériorer dans l'est de la RDC» et que le M23 serait sur le point de reprendre les armes, «dans le cadre d'une importante opération militaire», a rapporté Associated Press. «La situation d'ensemble est instable et précaire et susceptible de dégénérer à tout moment en conflit à grande échelle, pratiquement sans avertissement», a ajouté M. Meece a repris Reuters. Ce dernier a précisé que la mission onusienne de maintien de la paix en RDC manque de moyens pour pouvoir faire face à une éventuelle crise. «Les forces du M23 apparaissent bien équipées, bien approvisionnées et bien armées», a déclaré Roger Meece, ajoutant que les rebelles continuent à recruter des combattants dans toute la province et dont certains sont enrôlés de force par le M23. Le responsable de la Monusco a demandé carrément vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU d'«approuver sans tarder la création d'une brigade chargée de lutter contre les groupes armés», a rapporté Reuters. De son côté le représentant diplomatique congolais, Basile Ikouébé, l'ambassadeur de RDC auprès des Nations unies, a demandé le déploiement d'une force spéciale pour lutter contre les groupes armés. L'ONU et l'UA avaient déjà soutenu l'idée de création d'une force militaire internationale neutre, une proposition émise lors d'un des sommets organisés par la Conférence internationales des pays des Grands-Lacs dont fait partie la RDC. Mais le Rwanda, accusé de soutien financier et logistique aux rebelles du M23 et à d'autres groupuscules armés dans l'est du Congo, s'est opposée à cette idée et continue de bloquer le vote d'autres propositions. A noter par ailleurs que la situation sécuritaire risque aussi de dégénérer dans le Sud-Kivu où des groupes armés seraient sur le point de déclencher une nouvelle rébellion. La Monusco a déjà prévenu contre une dégradation de la situation sécuritaire dans le Sud-Kivu, la qualifiant de «volatile», a rapporté Radio Okapi, un média onusien. «Les groupes armés prolifèrent, parfois instrumentalisés pour lutter contre le M23 mais surtout profitant de la focalisation de l'armée régulière contre ce mouvement pour se positionner. Ils se sont montrés actifs dans les territoires de Shabunda, de Walungu et de Mwenga au sud de Bukavu, apprend-on auprès des Nations unies», a ajouté cette radio créée pour participer à ramener la paix dans la région des Grands-Lacs. Il est à souligner que, selon des statistiques, 48 femmes sont victimes de viols toutes les heures à l'est de la RDC, a rapporté Deutsche Welle, un site d'information allemand. «La plupart des auteurs de viol sont des rebelles», a ajouté DW. L. M.