De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani C'est un retour en force d'Aïssa Menadi, ex-patron déchu du syndicat d'entreprise ArcelorMittal Annaba, aujourd'hui secrétaire général de l'Union locale Ugta de Sidi Amar, qui a réussi, jeudi dernier, à placer ses hommes à la tête de cette instance convoitée par les uns et les autres. En effet, c'est avec un taux de participation frôlant les 85% que les 5 800 travailleurs du complexe sidérurgique répartis sur les 31 unités ont élu leurs 121 représentants qui auront à élire à leur tour le conseil syndical qui choisira un nouveau secrétaire général du syndicat d'entreprise ; tout cela bien sûr sous le patronage de l'Union locale Ugta de Sid Amar, au grand dam du syndicat sortant. En effet, celui-ci avait appelé au boycott de ces élections (voir notre édition du 27 février) en diffusant un communiqué dans lequel, il qualifiait les élections prévues de truquées et irrégulières et àpousser les travailleurs à s'opposer à leur tenue et «de se soulever en grand nombre pour défendre leurs emplois, leurs acquis sociaux et leur dignité, les élections de la honte ne doivent pas avoir lieu, défendez-vous défendez votre dignité, défendez vos emplois menacés de suppression !» était-il notamment mentionné dans le document. Mais visiblement cet appel n'avait pas été entendu par les travailleurs qui s'étaient déplacés pour voter sanctionnant par les urnes les candidats issus des instances syndicales sortantes. Il n'y a pas eu d'affrontements, pas d'incidents et les élections se sont déroulées dans de bonnes conditions ; les craintes de voir des batailles rangées entre les partisans des 2 camps ont été balayées. A l'Union locale Ugta de Sid Amar on se félicite de l'organisation de ces élections et on veut passer très vite à l'étape suivante. «Il n'y a pas eu un seul incident lors du déroulement de ces élections et aucune irrégularité n'a été signalée. Ce qui urge pour le moment, c'est passer à l'étape suivante pour pouvoir prendre en charge les revendications des travailleurs et préparer un dossier solide en vue de négociations avec l'employeur», nous a affirmé hier un responsable de cette instance. Le grand perdant de ces élections, en l'occurrence le syndicat sortant qui comptait briguer un second mandat et Smaïn Kouadria, l'ex-secrétaire général du syndicat ArcelorMittal aujourd'hui député sous les couleurs du PT, qui gardait la mainmise sur ledit syndicat dont il dit avoir démissionné. L'influence de ce dernier sur le syndicat ArcelorMittal d'Annaba parle du fait que celui-ci avait placé à la tête de cette instance des hommes qui lui étaient restés fidèles et qui lui avait permis de le diriger à distance et d'être le véritable patron qui décidait de tout. L'opposition du syndicat sortant à la tenue d'élections supervisées par l'Union locale de Sidi Amar n'était pas innocente, car cette dernière était dirigée par Aïssa Menadi, son pire ennemi qui placerait certainement des hommes à lui au conseil syndical. Et donc ce sera l'éviction pure et simple de tous ceux qui avaient soutenu Smaïn Kouadria lors des mouvements de grève et de protestations à l'issue desquelles Aïssa Menadi avait été déchu de ses fonctions de secrétaire général du syndicat d'entreprise. Aïssa Menadi qui avait compris bien plus tard que son action entreprise au mois de mai 2012 au sein du complexe pour la reprise en main du syndicat était vouée à l'échec, avait changé de stratégie en se repositionnant au sein de l'Union locale Ugta de Sidi Amar, instance hiérarchique du syndicat d'entreprise du complexe sidérurgique. A partir de là et en toute légalité, l'ex-patron dudit syndicat a pris sa revanche. Mais même si ces élections pour le renouvellement du syndicat ont eu lieu, cela ne présage rien de bon puisque le syndicat sortant ne compte pas en rester là et des tensions dans les milieux ouvriers sont perceptibles, même si certains minimisent ces craintes.