Les étudiants de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel (Ismas), en grève de la faim, sont toujours déterminés à poursuivre leur action pour dénoncer l'indifférence affichée des pouvoirs publics à l'égard de la situation de leur Institut et de leurs revendications pour l'améliorer. La grève de la faim et l'hospitalisation de quatre grévistes n'ont pas fait battre un cil des responsables qui, au lieu de chercher un terrain d'entente, ont préféré trancher dans le vif et couper court à tout dialogue en décidant la fermeture temporaire de l'Institut. Pis, ils auront même l'outrecuidance de justifier cette sentence radicale. «La décision de suspendre les cours et les activités pédagogiques à l'Ismas n'est pas arbitraire ni unilatérale. Elle a été prise en coordination avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique», déclarera l'inspecteur général au ministère de la Culture, Rabah Hamdi, lors d'une conférence de presse organisée dimanche dernier. Autrement dit, les deux ministres du gouvernement étaient tombés d'accord pour tourner le dos au dialogue et aller franco à la rupture. Le comble c'est d'entendre dire que l'objectif de cette fermeture était de «protéger les étudiants et de préserver les biens de l'Institut» ! Protéger les étudiants contre quoi ? Préserver quels biens de l'Institut ? Une des revendications ne concerne-t-elle pas justement la dotation de ce pseudo institut de biens et matériels qui permettent aux étudiants de travailler et vivre dans de bonnes conditions ? Et pour boucler la boucle, le ministère de la Culture tentera une parade en dénigrant la grève des étudiants qu'il qualifiera implicitement de chahut de gosses. Selon le ministère, les étudiants sont entrés en grève en réaction à la décision de l'administration de l'Ismas de présenter des collègues à eux en conseil de discipline pour raison d'absentéisme. «Cette mesure est intervenue après que plusieurs étudiants eurent cumulé plus de 60 absences en seulement deux mois et demi», explique le ministère. Mais que faisait donc l'administration ? Pourquoi n'a-t-elle pas réagi à la troisième ou cinquième absence non justifiée ? De plus, comment un ministère peut-il se fourvoyer à ce point en tentant lamentablement de réduire à néant des revendications qui portent sur l'administration, la gestion et l'organisation de l'institut qui d'ailleurs a souvent changé de direction. «Ils ont fait part de leur volonté de participer à la gestion de l'Institut, appelant au départ du directeur», indique le communiqué du ministère de la Culture. Non, les étudiants n'ont pas demandé à devenir financiers mais ils ont dénoncé la gestion et demandé le départ du directeur, ce qui n'est ni un blasphème ni une atteinte à la dignité ou à la sécurité de l'Etat. C'est juste une revendication qu'on peut discuter. Mais le ministère refuse le dialogue, car, s'il s'engouffre dans cette voie, il rencontrera également les étudiants de l'Ecole supérieure des Beaux-arts (Esba) qui sont en grève et, à quelques nuances près, ont les mêmes revendications. H. G.