Hugo Chavez est mort. Celui qui a symbolisé la révolution bolivarienne et la lutte des peuples pour leur émancipation d'un ordre néolibéral injuste, est décédé à Caracas à 58 ans. Accusé de «populisme» par les Occidentaux et leurs redoutables machines médiatiques, Chavez était populaire et pas seulement dans son pays, le Venezuela. Dans un monde arabe où les dirigeants cultivaient la poltronnerie envers Washington et les capitales occidentales, il était «un Homme» selon la formule populaire en Algérie et ailleurs. Hugo Chavez était aussi l'ami des Palestiniens dans leur long combat contre l'injustice et l'ordre colonial israélien. En 2009, lors de l'agression israélienne contre Ghaza, le président Chavez décide d'expulser l'ambassadeur de l'Etat hébreu dans son pays. Il ne pouvait, en homme libre, accepter cette agression contre un peuple qui se bat pour son existence. Une attitude digne que l'histoire retiendra à jamais. Dans son pays el présidente était un personnage pas comme les autres. Chavez a fait du Venezuela un des pays où il y a le moins d'inégalités et où le salaire est le plus élevé du sous-continent américain. L'Algérie et les Algériens retiendront, outre sa résistance à la domination américaine, son charisme hors du commun. En ces temps de compromissions et de scandales on ne peut oublier que c'est grâce à Hugo Chavez que les ressources énergétiques du pays ont été préservées. C'est grâce à lui, après sa visite en Algérie, et sur son conseil, que le fameux projet de loi sur les hydrocarbures a été abandonné. Chavez s'est battu jusqu'au bout contre un ordre ultralibéral et néoconservateur destructeur des couches les plus vulnérables. Le 12 avril 2002, après le lancement d'une grève générale illimitée, Chavez est victime d'un coup d'Etat mené par une frange de la hiérarchie militaire. Moins de quarante-huit heures plus tard, Chavez, soutenu par la population et l'armée, regagne triomphalement son palais présidentiel de Miraflores, à Caracas. Depuis plus d'une année l'incertitude sur son état de santé planait, après son départ pour Cuba, l'autre pays de la Révolution, pour se faire opérer de son cancer. Hier, face à la population éplorée, c'est le vice-président Nicolas Maduro, successeur désigné par Chavez, qui a annoncé le décès d'El Comandante à la télévision. «Nous avons reçu l'information la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple, a-t-il dit, la voix étouffée. A 16h25 cet après-midi, aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias.» L'homme au béret rouge, marquera l'histoire comme celui qui a érigé la résistance en sacerdoce politique. El Comandante, jamais à court de phrases pertinentes qui font mouche, aura marqué ses passages à l'ONU. L'on se rappelle l'entame tonitruante de son discours en faisant le signe de croix, en référence à George W. Bush. «Le diable est venu ici. Et ça sent encore le soufre aujourd'hui. Hier, mesdames et messieurs, de cette tribune, le président des Etats-Unis, le monsieur que j'appelle le diable, est venu ici parler comme s'il possédait le monde entier. Vraiment. Comme s'il était le propriétaire du monde.» La disparition d'Hugo Chavez restera une grande perte pour tous les résistants à travers le monde. Le commandant Chavez, le révolutionnaire, fait partie des dirigeants exceptionnels dans l'histoire des pays du Sud. Hier, à Caracas, sous le choc les Vénézuéliens en pleurs exprimaient l'esprit du symbole disparu : «Le combat continue ! Nous sommes tous des Chavez ! La révolution est là !» Hasta Siempre Chavez ! M. B.