A 52 ans, Hugo Chavez a, facilement, obtenu un troisième mandat, une victoire qui va lui donner les coudées franches pour poursuivre “la révolution bolivarienne” dont il s'est fait le chantre depuis son accession au pouvoir, en 1998, et créer un front uni, des dirigeants de gauche, en Amérique latine, afin de lutter contre “l'impérialisme” américain. Vêtu d'un tee-shirt rouge, sa marque de fabrique, Chavez a célébré son triomphe en levant le poing et en chantant l'hymne national au balcon du palais présidentiel. “Vive la révolution socialiste!”, a tonné Chavez du haut du balcon présidentiel, quelques minutes après l'annonce des résultats partiels, et après avoir entonné l'hymne national. “Le Venezuela fait la preuve qu'un monde nouveau et meilleur est possible, et nous sommes en train de le bâtir.” Un moment fort pour ce grand homme et le peuple vénézuélien. Chavez profite du large soutien des pauvres, qui constituent la majorité de la population, grâce à la signature des programmes sociaux, a estimé Alex P. Evans, directeur de l'Institut de sondage américain Evans/McDonough, selon qui, ce “soutien, combiné à son charisme personnel (...) lui valent sa réélection”. Au cri de “longue vie à la révolution”, le président vénézuélien, Hugo Chavez a proclamé, dimanche, sa victoire à l'élection présidentielle, après l'annonce de résultats officiels partiels le donnant, largement, en tête avec 61% des voix, contre 38% pour son adversaire, le gouverneur de la riche province pétrolifère de Zulia, Manuel Rosales, après dépouillement de 78% des bulletins. Rosales a reconnu sa défaite devant Chavez, ce qui est une première dans l'histoire des élections et une forte confirmation pour la transparence et la crédibilité de se résultat. Pour sa part, le chef d'Etat avait incité peu auparavant l'opposition à admettre sa défaite, lui demandant de se montrer “à la hauteur de l'espérance du peuple”. Avec ce large succès, le président sortant, à la tête du Venezuela depuis huit ans, consolide son ancrage dans le pays, améliorant même ses précédents scores puisqu'il avait été élu en 1998 et en 2000 avec 56% et 59,7% des voix. Apparu les bras levés, en signe de triomphe, au balcon du palais présidentiel de Miraflores, d'où il a lancé un salut au dirigeant cubain Fidel Castro, il a lancé : “Le règne du socialisme est le règne du futur du Venezuela !''. Il a averti que son pays, le plus riche en pétrole d'Amérique latine, ne serait “jamais une colonie américaine”, devant une foule en délire. “Nous avons donné une leçon à l'impérialisme américain. C'est une autre défaite pour le diable qui prétend diriger le monde”, a clamé Hugo Chavez, annonçant “ l'approfondissement, l'amplification et l'extension de la révolution”, sous les acclamations. “Ici se déroule une révolution, il faut que tout le monde le sache”, trépignait Juan Carlos Bracamonte, un ouvrier de Puerto Ordaz, qui a parcouru 450 kilomètres pour acclamer son idole. Le leader de la révolution bolivarienne, qui avait déjà traité, par le passé, le président américain, George Bush, ‘'d'âne” et de “Monsieur Danger”, l'a, cette fois, appelé “Satan” dans un discours où il a dédié sa victoire à son mentor, le dirigeant cubain, Fidel Castro, au moment où des centaines de partisans du dirigeant cubain, dont le slogan de campagne était “rouge, vraiment rouge”, se sont rassemblés dans un quartier branché de Caracas, qui était devenu leur lieu de rassemblement, pendant la campagne, pour y danser la salsa. Il a déclaré, devant des centaines de partisans : “C'est une nouvelle défaite pour le diable qui veut dominer le monde”. Agitant le drapeau vénézuélien, ils scandaient “Chavez n'est pas parti''. “Je suis le peuple vénézuélien”, a encore crié le chef d'Etat, tandis que la foule répondait: “Chavez no se va! (Chavez ne s'en va pas)”. Ce président, charismatique et populaire, est adulé des classes pauvres car il a consacré une bonne partie de la manne pétrolière aux écoles, aux cliniques et à la distribution de nourriture. M. Chavez a assuré qu'il poursuivrait la redistribution aux plus pauvres des revenus pétroliers du pays, cinquième exportateur d'or noir au monde. “Une nouvelle ère a commencé”, a-t-il proclamé, la main vers le ciel. “Nous avons montré que le Venezuela est rouge! (...) Personne ne devrait craindre le socialisme. (...) Le socialisme est humain. Le socialisme est amour.” Alors que les Etats-Unis sont le principal client du pétrole vénézuélien, Chavez en a fait sa cible privilégiée, prenant le contre-pied des positions américaines sur pratiquement tous les sujets, depuis l'OPEP jusqu'aux ambitions nucléaires iranienne. Légitimé par cette réélection pour six ans, Chavez dispose désormais du capital politique dont il a besoin pour approfondir sa révolution. Un vrai défi pour Washington, dont il est plus que jamais la bête noire, à l'heure où son maître à penser Fidel Castro s'efface de la scène politique cubaine.