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«La musique traditionnelle est nécessaire pour enrichir la musique classique»
Le pianiste et compositeur Jean-François Zygel :
Publié dans La Tribune le 11 - 03 - 2013

Entretien réalisé par notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi

LA TRIBUNE : Dans quel cadre s'inscrit votre visite en Algérie ?
JEAN-FRANÇOIS ZYGEL : C'est l'Institut français de Constantine qui m'a sollicité en premier pour animer un concert. Il s'est trouvé ensuite que cette invitation a incité les autres instituts du genre (Tlemcen, Oran et Annaba) à m'inviter également. Dans chacun de mes récitals, basés sur des improvisations notamment, je rencontre un musicien. A Constantine, c'était Salim Fergani qui est très connu sur la scène locale. Nous avons répété l'après-midi, c'était agréable. J'ai eu l'occasion de l'écouter sur disque et c'est moi qui ai demandé à organiser un spectacle «impro», avec lui au oud (luth) et moi au piano. Ce sera une sorte de conversation musicale. On a programmé sept morceaux. Il faut savoir toutefois que c'est la première fois que je viens en Algérie et cela me permet de visiter les villes dans lesquelles mes rencontres sont programmées. Cela m'inspire, Sidi Boumediène, le port d'Oran avec des pluies fines et Constantine avec sa Souika en mouvement…

Vous dites conversation en éclipsant le concept de la fusion…
Le piano et l'oud sont deux instruments qui ne peuvent pas se fondre ensemble. Ainsi, dois-je parler de communication et non de fusion. Les sonorités ne peuvent être fondues. Celles du piano sont fortes par rapport à celles de l'oud. Encore que le piano ne renferme pas cette subtilité de quart de temps qui illustre une belle nuance propre à la musique malouf.

Restons sur cette tendance musicale baptisée fusion. Quelle lecture en faites-vous ?
La fusion ne doit pas être influencée par l'étendue d'une mode. Elle doit être bien faite pour la transmettre. Sinon, ce sera de mauvais goût. C'est comme en cuisine : on ne peut pas mélanger les ingrédients n'importe comment pour en faire un bon plat. Mais je crois qu'elle est nécessaire pour la raison suivante : si on veut écouter la musique du XXIe siècle, elle doit être celle de notre civilisation actuelle, avec des échanges et plus d'écoute des autres. A condition que la fusion soit belle. Cela étant une autre chose. Il est nécessaire de concevoir que ce siècle est celui du voyage et du partage. Et donc nous devons tout faire pour communiquer, inventer de nouvelles musiques, grâce notamment à l'enrichissement mutuel. Puiser dans des musiques traditionnelles et populaires reste une bonne source d'inspiration et d'invention

Après l'après-midi passé avec Salim Fergani, quelle est votre appréciation immédiate sur la musique malouf ?
C'est un art mélodique. Ses petites nuances s'apparentent à un petit «sanglot», une émotion. C'est ce que j'ai noté en écoutant Salim jouer à l'oud. J'ai trouvé que le malouf était une musique vocale. Cela est intéressant. C'est la première impression que j'ai eue. Un musicien moderne ne doit pas seulement jouer, il doit partager. La télévision a permis aux gens de découvrir la richesse de la musique classique. Et pour ce faire, elle a joué son rôle de socialisation. Quand on marche dans la rue et que des gens qui vous reconnaissent et vous demandent des autographes, c'est du baume au cœur. Pour m'exprimer davantage sur le malouf je ne suis pas spécialiste versé dans ce genre. Il faudra une thèse là-dessus et donc on fera appel à des spécialistes et musicologues. Mais ce qui me frappe en particulier dans toute sorte de musique, c'est les mélodies et les notes qui nourrissent mon improvisation et ma musique. Je m'en sers pour mes propres œuvres. Pour ce faire il est impératif de rencontrer et d'écouter. J'ai versé dans l'improvisation dès mon jeune âge.

Comment la musique classique se porte-t-elle dans cette ère riche en sonorités, et numérique de surcroît ?
C'est une musique qui n'est pas au premier plan où le rock, la pop, l'électro, la chanson,… prédominent. Cette musique s'apparente à des plantes que l'on voit moins que les autres de par leur taille petite. Mais elles sont profondément enracinées. Ceci dit, Mozart, cela fait 250 ans qu'il est mort, et tout le monde écoute sa musique. Le classique dispose d'une grande richesse inventée dans l'art musical. Cela ne peut pas disparaître. C'est comme les trésors de l'architecture qu'on trouve à titre d'exemple en Algérie ou en Afrique du Nord. Le plus durable ce sont les monuments. Il y a une musique pour se divertir et faire la fête, pour rêver en écoutant je t'aime, tu m'as quitté (rires)… Et, au dessus de cela, il existe une musique plus grande, plus forte. Par excellence, plus universelle. La musique classique en fait partie et a besoin, comme je le disais dans le débat en présence des jeunes du conservatoire, de s'enrichir avec le contact populaire. De ce fait, afin de pouvoir inventer les musiques du XXIe siècle, il convient d'aller vers toutes les formes de musiques. Le musicien ou le compositeur est en quête de «racines» pour en créer de nouveaux fruits. C'est toute la difficulté. De nos jours, les gens avides de divertissement ont peur de la musique classique. Ils ont peur de ne pas s'amuser en gros. J'ai envie de dire aux gens : «j'adore faire la fête et m'amuser. Mais l'être humain a grand besoin de spirituel. Dans les moments importants et difficiles de ma vie, heureusement que j'avais Mozart et Bach pour me consoler. Dans ces moments là, les chanteurs à la mode ne me faisaient ni chaud ni froid». La musique classique détient cette grandeur de recherche et d'innovation. Comme on éprouve un manque de divertissement, on éprouve également un besoin de méditation que l'on trouve justement dans le monde de la musique classique. Aussi, les jeunes devront-ils s'y initier. Une vie sans beauté et sans spiritualité c'est triste. Pour ce faire, un seul moyen : favoriser les échanges en s'articulant sur tous les apports des endroits pouvant générer un plus à la création et au contenu, à titre d'exemple le conservatoire, l'Institut français,… Au fond, les salles de concert et les conservatoires sont en quelque sorte les temples de l'art. Il faut aussi créer autant de possibilités que possibles qui seraient aptes à mettre les moyens pour la propulser, à commencer par les conservatoires. Ces lieux devront disposer d'un matériel professionnel et authentique pour permettre à l'élève de s'acclimater avec les sonorités propre à l'instrument. De jeunes enseignants m'avaient fait part de l'existence de piano numérique. C'est déraisonnable pour l'apprentissage. Il est aussi important de mettre sur pieds des orchestres à l'échelle locale. Tout cela doit être étoffé par un échange culturel pour créer la beauté universelle. Vu les entretiens que j'ai eu avec des artistes à Tlemcen ou à Oran et même ici à Constantine, le désir est grand. J'espère que ma venue contribuera à l'amorce d'une collaboration plus intense avec l'appui du réseau des Instituts français qui proposent plusieurs activités en Algérie.

Quelle sera le style de musique que vous aimeriez enrichir davantage ?
Les musiques de la Méditerranée et les musiques juives, assez proches de la musique arabe. Je tiens au final à rendre hommage au compositeur Brésilien Heitor Villa-Lobos qui demeure, à mon avis, et j'ai toujours défendu cette thèse, l'un des meilleurs compositeurs du 20e siècle étant donné la touche personnelle qu'il a apporté aux musiques traditionnelles. Il est l'un parmi mes modèles, avec Leonard Bernstein.


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