La production manufacturière britannique a connu en janvier sa plus forte baisse depuis juin 2012, ce qui laisse craindre que l'économie du Royaume-Uni soit entrée dans sa troisième récession depuis la crise financière de 2008. Ce déclin inattendu accentue la pression sur George Osborne, le ministre des Finances, pour qu'il inclue des mesures destinées à stimuler la croissance dans le budget qu'il présentera la semaine prochaine. Les chiffres publiés mardi par l'Office national de la statistique (ONS) montrent que la production manufacturière a baissé en janvier de 1,5% par rapport au mois précédent. Les chutes de neige de la fin du mois ont eu peu d'effet. La production industrielle, qui inclut l'énergie et les mines, a décliné de 1,2%, après une hausse de 1,1% en décembre, en partie à cause de la fermeture du gisement de Schiehallion, en mer du Nord, d'où la Grande-Bretagne tire entre 3% et 6% de sa production de pétrole. Les chiffres sont en-dessous des prévisions des économistes qui s'attendaient en moyenne à ce que la production reste stable. La livre sterling est tombée à son plus bas niveau en deux ans et demi face au dollar, et les emprunts d'Etat britanniques ont rebondi après la parution de ces chiffres, qui poussent certains investisseurs à miser sur des mesures de soutien de la part de la Banque d'Angleterre (BoE). «C'est l'avant-dernier clou dans le cercueil avant une troisième récession - c'est presque une certitude maintenant», juge Alan Clarke, économiste chez Scotiabank. «A moins que le secteur des services réalise une performance exceptionnelle, il est quasiment sûr que nous sommes entrés en récession.» L'économie britannique s'est contractée fin 2012, ce qui a conduit le Royaume-Uni à perdre son triple A auprès des agences de notation alors que le gouvernement mené par David Cameron a fait de l'équilibre budgétaire l'un de ses principaux objectifs. Sur les trois mois à fin janvier, la production industrielle a baissé de 0,9% par rapport aux trois mois précédents. L'ONS a en revanche publié séparément des chiffres qui font état d'une amélioration inattendue de la balance commerciale britannique en janvier. Le déficit des échanges de marchandises a baissé à 8,195 milliards de livres (9,354 milliards d'euros) contre 8,738 milliards en décembre, alors que les économistes l'attendaient à neuf milliards. Sans prendre en compte les échanges avec les pays de l'Union européenne, le déficit a baissé à 3,280 milliards de livres, contre 4,169 milliards le mois précédent. Dans les deux cas, le déficit est le plus bas depuis juillet 2012. Reuters