Le Royaume-Uni est officiellement sorti de neuf mois de récession avec une forte croissance de 1% au troisième trimestre, une bonne nouvelle saluée par le gouvernement Cameron, qui a toutefois rappelé les difficultés auxquelles reste confrontée l'économie britannique. Le Produit intérieur brut (PIB) a progressé de 1% par rapport au trimestre précédent, selon une première estimation de l'Office des statistiques nationales (ONS), qui peut encore être révisée. Cette hausse, la plus importante enregistrée depuis cinq ans, est encore meilleure que la croissance de 0,6% attendue par les économistes. Pris en tenaille entre la crise de la zone euro et le plan d'austérité du gouvernement de David Cameron, le Royaume-Uni était officiellement retombé en récession au premier trimestre après en être sorti fin 2009 à l'issue de la crise financière qui l'avait frappé de plein fouet. Le pays a ainsi subi sa plus importante double récession depuis les années 50. "Il y a encore beaucoup de chemin à faire mais ces chiffres montrent que nous sommes sur la bonne voie", s'est aussitôt félicité le ministre britannique des Finances, le conservateur George Osborne. L'annonce s'ajoute à une série de rares bonnes nouvelles, avec une baisse du chômage et une poursuite du ralentissement de l'inflation, qui ont récemment donné un peu de répit à des ménages dont le pouvoir d'achat est sous pression. Le gouvernement s'est toutefois gardé de triompher, d'autant que l'économie a stagné sur un an. "Nous sommes toujours confrontés à de nombreuses difficultés économiques dans le pays comme à l'étranger", a ajouté le chancelier de l'Echiquier. Le Premier ministre David Cameron, qui n'avait pas pu s'empêcher d'annoncer à l'avance une "bonne nouvelle à venir" mercredi au Parlement, est cependant resté dans la même tonalité prudente. "Nous avons encore un long chemin à parcourir et il reste des difficultés à surmonter mais je pense que ces chiffres montrent que nous sommes sur le bon chemin", a-t-il sobrement déclaré en écho aux propos de M. Osborne. "Avec la baisse du niveau de vie, davantage de hausses d'impôts à venir, des petites entreprises en déclin et la zone euro toujours en crise, David Cameron, et George Osborne seraient bien mal avisés de se reposer sur leurs lauriers et de croiser les doigts en espérant que tout va bien se passer", a réagi Ed Balls, le responsable de l'économie au Labour. Le spectaculaire rebond du troisième trimestre a en effet été alimenté par des conditions exceptionnelles, et il est peu probable que l'économie britannique continue sur un rythme aussi soutenu. L'économie a ainsi profité des Jeux olympiques de Londres cet été, avec une progression marquée dans le secteur des services, a souligné l'ONS. La hausse est également d'autant plus marquée qu'elle se compare à un deuxième trimestre au cours duquel l'activité avait souffert de facteurs exceptionnels comme le jour férié accordé pour le jubilé de la reine Elisabeth II, ou une météo exécrable. "Le Royaume-Uni n'est absolument pas sorti de l'auberge et une nouvelle rechute reste une possibilité très réelle. La croissance devrait être entravée par l'austérité budgétaire, le resserrement des conditions de crédit et les problèmes toujours graves de la zone euro", souligne Howard Archer, économiste du cabinet IHS Global Insight. Avec une croissance sous-jacente, en ne tenant pas compte des effets exceptionnels, de seulement 0,3%, le pays "encourt le danger bien réel de tomber dans une triple récession en 2013", ajoute Azad Zangana, économiste chez Schroders.